Dans une salle sous tension et pleine à craquer, où proches et fans du rappeur côtoyaient un lourd déploiement policier, le chanteur de 24 ans aux fines dreadlocks et ses trois nouveaux associés ont comparu jusqu'au milieu de la nuit pour avoir violenté son mentor historique, afin de l'obliger à rembourser de l'argent et rompre leurs liens contractuels.
Très à l'aise au micro - du box des détenus -, sourire narquois au coin des lèvres, Koba LaD reconnaît devant les juges une bagarre dans la rue entre eux ce 18 avril 2022 mais dément toute séquestration de Marvin I. dit "Deuspi". "On s'est roulés par terre et on s'est battus", élude-t-il.
Concédant des "doutes" dans ce dossier "un peu vide" et manquant d'investigations, le procureur requiert contre lui deux ans de prison dont un avec sursis pour les seuls coups, et non la séquestration.
Quid des allusions potentielles à cette affaire dans plusieurs chansons disant "j'revois mon ancien manager entrain d'pleurer, de pitié, j'enlève le truc de sa bouche", ou se vantant encore de "récup' la montre à ton père devant ta meuf" ?
"On peut pas utiliser des phrases de musique pour des affaires judiciaires. C'est du divertissement", rétorque du tac-au-tac aux avocats de ses contradicteurs Marcel Junior Loutarila, de son vrai nom, provoquant des rires dans la salle.
Mais côté des parties civiles, on ne riait pas. C'était plutôt la peur qui transpirait.
Doudoune Louis Vuitton sur les épaules, la victime Marvin I. concède du bout des lèvres à la barre "quelques différends qui se sont réglés" avec son "petit frère" de la cité du Parc aux Lièvres, dont il a accompagné la percée dans le rap depuis 2018.
"Ils pensaient que j'allais m'en prendre à eux. C'est n'importe quoi", affirme ce grand gaillard affûté, guère loquace, objet d'une plainte de Koba LaD pour des soupçons de détournement de centaines de milliers d'euros issus des revenus de sa musique. L'enquête sur ce volet est toujours en cours.
Koba LaD condamné à deux ans d’emprisonnement pour violences
Chat égorgé
Selon le récit du manager, au retour d'un showcase dans une boîte de Lille, il est emmené au petit matin par des membres de l'entourage de Koba LaD, dans un entrepôt désaffecté de l'Essonne. Là, il est passé à tabac et perd connaissance.
Lorsqu'il reprend conscience, il se trouve avec un groupe de "six-sept" personnes devant le domicile de sa compagne Sarah B. au Vert-Saint-Denis, commune de l'agglomération de Melun (Seine-et-Marne). A l'intérieur sa compagne et son petit frère sont séquestrés.
Pendant plusieurs heures, les violences pleuvent sur "Deuspi". "Il commence à convulser, à trembler. Il était en sang, il avait la tête qui commençait à doubler, voire tripler de volume", décrit d'une voix chevrotante sa compagne Sarah B., interrogée pendant deux heures à la barre par les avocats de la défense.
"Ils disaient +il faut qu'il signe, il faut qu'il signe+. Ils voulaient que Monsieur I. signe une rupture de contrat", relate la jeune femme, au bord des larmes.
Au bout de plusieurs heures, les agresseurs partent en pillant et vandalisant l'appartement.
Depuis qu'elle est partie civile dans cette affaire, Sarah B. dit être régulièrement menacée, allant jusqu'à trouver un chat égorgé sur sa place de parking, et avoir dû déménager deux fois. Sitôt sa déposition achevée, les policiers l'exfiltrent sous escorte du tribunal par une porte dérobée.
Lunettes à monture dorée et verres fumés sur le nez, l'oreille percée d'un anneau doré, les co-prévenus de Koba LaD dénoncent des faits "totalement faux". Le parquet demande leur relaxe.
Koba LaD est actuellement en détention provisoire depuis septembre pour un homicide involontaire en septembre dans le Val-de-Marne dans un accident de la route.
Le rappeur Koba LaD jugé pour la séquestration de son manager