Cessez-le-feu en Ukraine : Washington menace de jeter l'éponge

Crédit : Getty Images / Stephen Maturen
"Ce n'est pas notre guerre" : les Etats-Unis ont adressé vendredi à Paris un message clair aux Ukrainiens et Européens, menaçant de les laisser se débrouiller seuls face à la Russie s'il n'est pas mis fin rapidement à la guerre en Ukraine.
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Le président Donald Trump, dont la promesse de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures a fait long feu, ne fait plus mystère de son impatience et de sa frustration, alors que les négociations avec Moscou et Kiev piétinent.

Dans le même temps, il a augmenté la pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont il se dit "pas fan", et sur les alliés européens accusés de traîner des pieds en matière de défense et de profiter des largesses des Etats-Unis.

Washington multiplie d'ailleurs les signes d'une volonté de désengagement en Europe.

S'exprimant vendredi au lendemain d'entretiens à Paris avec les Européens et les Ukrainiens, le secrétaire d’État Marco Rubio a averti que le président américain pourrait avoir d'autres choses à traiter.

"Nous devons déterminer dans les prochains jours si (la paix) est faisable ou non", et "si ce n'est pas possible, nous devons passer à autre chose" car "les Etats-Unis ont d'autres priorités", a-t-il déclaré à quelques journalistes au pied de son avion à l'aéroport parisien du Bourget avant de décoller pour Washington.

"A la marge, nous serons prêts à aider quand vous serez prêts à la paix mais nous n'allons pas poursuivre cet effort pour des semaines et des mois", a-t-il prévenu, en rappelant que cette guerre, déclenchée en février 2022 par l'invasion russe de l'Ukraine, "se déroule sur le continent européen".

"Si ce n'est pas possible, si nous sommes si éloignés" de la paix, "alors je pense que le président arrivera probablement à un point où il dira: +Bon, c'est fini+", a martelé Marco Rubio.

Les propos de M. Rubio sonnent d'autant plus comme un avertissement que l'Ukraine est totalement dépendante de l'aide militaire et en matière de renseignement américain, et que les Européens auront besoin du soutien américain pour garantir un éventuel accord de cessez-le-feu.

"Je pense que le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne peuvent nous aider à faire avancer les choses et nous rapprocher d'une résolution. J'ai trouvé leurs idées très utiles et constructives", a commenté le chef de la diplomatie américaine, qui n'a pas écarté de revenir lui-même en Europe la semaine prochaine pour de nouvelles discussions, sans doute à Londres.

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"Rien d'étonnant"


Pour Celia Belin, du European Council on Foreign Relations, la position américaine "n'a rien d'étonnant": "Trump veut se débarrasser du dossier ukrainien qui lui pose problème".

"Son projet est de réhabiliter la Russie sur la scène internationale. Je ne dis pas qu'il travaille pour les intérêts russes mais il veut renouer le partenariat stratégique avec Moscou et ne veut pas laisser un +petit problème+ comme l'Ukraine se mettre en travers du chemin", ajoute-t-elle.

Depuis son retour au pouvoir, le président américain a complètement rompu avec le soutien affiché à l'Ukraine par son prédécesseur démocrate Joe Biden.

Il a opéré un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine, et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu rapide en Ukraine.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté le 11 mars une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie. L'émissaire spécial du président américain Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril.

Les Etats-Unis ont tenu en parallèle de multiples discussions en Arabie saoudite avec Ukrainiens et Russes, séparément.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou.

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