Avec près de 11 millions d'entrées (9e plus gros succès français de l'histoire du box-office tricolore), "Un p'tit truc en plus", réalisé par le comédien Artus -- qui joue aussi un des rôles principaux --, réédite une performance vieille de dix ans.
Il faut en effet revenir à 2014 pour voir un film français en tête du box-office annuel dans l'Hexagone avec "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?", porté par Christian Clavier, qui avait totalisé plus de 12 millions d'entrées, selon les données de CBO Box-Office.
"Quand je suis revenu à Paris pour assister aux Jeux olympiques, j'ai constaté que j'avais changé de statut. (...) Je suis plus connu mais moins sollicité, et on me vouvoie !", a commenté Artus avec humour dans Le Parisien Week-End. Auparavant identifié comme comique acide du stand-up, le trentenaire était jadis abordé par ses fans d'une tape dans le dos dans la rue.
Le film d'Artus, qui selon le vœu de son réalisateur rit avec les personnes en situation de handicap et non à leurs dépens, a damé le pion à des blockbusters américains et français.
Issu des studios hollywoodiens, "Dune II" a par exemple misé sur une science-fiction à 190 millions de dollars selon la presse américaine, avec injection des mégastars Timothée Chalamet et Zendaya. Résultat: il finit l'année 7e du box-office français seulement.
Côté français, "Le Comte de Monte-Cristo" (plus de 9 millions d'entrées) a creusé le sillon des héros romanesques dans une remise au goût du jour des films de cape et d'épée.
Pierre Niney dans le rôle-titre marche dans les bottes de "Fanfan la Tulipe" avec Gérard Philipe (1952), du "Bossu" avec Jean Marais (1959), de "Cartouche" avec Jean-Paul Belmondo (1962) ou, plus contemporain, de la nouvelle version des "Trois mousquetaires", avec deux volets en 2023 alignant les stars (Vincent Cassel, Romain Duris, François Civil, Pio Marmaï, Eva Green).
"Emilia Pérez" et les Oscars
Avec près de 43 millions d'euros de budget, selon la presse spécialisée, "Le Comte de Monte-Cristo" réalise donc une culbute moins impressionnante que "Un p'tit truc en plus" et ses 6 millions de budget.
A l'international, "Le Comte de Monte-Cristo" tire toutefois profit de son exploitation au long cours. Mi-novembre, il récoltait déjà plus de 100 millions de dollars au box-office mondial, selon la société de production Pathé Films.
De son côté, Artus a confié au journal Le Parisien qu'"Américains et Italiens ont acheté les droits pour faire un remake" de son film, qui a déjà engrangé 81 millions d'euros avec son exploitation en France et à l'étranger, selon Libération.
Avec son casting intégrant des comédiens porteurs de handicap -- qui ont monté les marches du Festival de Cannes au printemps, alors que le film n'y était pas sélectionné -- "Un p'tit truc en plus" a aussi mis à mal la stratégie de "L'amour ouf".
Réalisé par un acteur-cinéaste couru, Gilles Lellouche, le projet repose sur un tandem vedette glamour (François Civil, Adèle Exarchopoulos) et près de 36 millions d'euros de budget, selon la presse spécialisée.
Ce drame romantique a terminé à la 5e place du box-office français de 2024 (4,7 millions de spectateurs) grâce à son jeune public.
L'autre bonne nouvelle du cinéma hexagonal viendra peut-être de "Emilia Pérez", au casting international dirigé par Jacques Audiard. A la 28e position seulement du box-office national (avec un peu plus d'un million d'entrées), cette comédie musicale audacieuse autour d'un narco-trafiquant changeant de sexe fait beaucoup parler en vue des prochains Oscars, après avoir remporté le Prix du Jury sur la Croisette au printemps.
"Quelle scène rêveriez-vous de tourner ?