Vainqueur du prix Renaudot 2014, Gaël Faye y voit "une grande surprise"
Le romancier Gaël Faye, qui était un des favoris pour le Goncourt, a été récompensé lundi du prix Renaudot pour son deuxième roman "Jacaranda", sur la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994.
Alors que dans le premier "Petit pays", prix Goncourt des lycéens 2016 et immense succès de librairie traduit en plusieurs langues, l'auteur se plaçait du point de vue d'un garçon ayant grandi au Burundi, cette fois le narrateur a grandi en France, à Versailles, d'un père français et d'une mère rwandaise.
Ce jeune homme, Milan, va découvrir Kigali, l'omniprésence de la mémoire du génocide, et des membres de sa famille.
"Beaucoup de joie"
C'est "beaucoup de joie, une grande surprise", a réagi Gaël Faye au restaurant Drouant, où sont traditionnellement remis les prix Renaudot et Goncourt, attribué lundi au romancier franco-algérien Kamel Daoud pour son roman "Houris" (éd. Gallimard), sur les massacres de "la décennie noire" en Algérie.
Franco-Rwandais de 42 ans, Gaël Faye a un profil atypique dans le paysage littéraire français : entre slam, musique et littérature, il est un artiste aux talents multiples, dont la plume est aussi alerte que les thèmes sont graves.
"Un prix aussi prestigieux pour un roman, c'est aussi la possibilité que l'histoire continue de circuler, qu'elle aille dans des endroits où elle n'était peut-être pas prévue, et c'est ce que je souhaite à ce roman", a-t-il affirmé à la presse.
Brut Book — Jacaranda, par Gaël Faye
Mettre des mots sur la violence
"Houris", le prix Goncourt, et "Jacaranda", le prix Renaudot, "ce sont des livres qui parlent des années 2990 : c'est aussi des conflits, le génocide des Tutsis au Rwanda, qui ont eu lieu à un moment où le monde était encore différent, on n'avait pas encore Internet", a-t-il commenté.
"Est-ce que les 30 ans qui nous séparent de l'événement étaient un temps nécessaire pour pouvoir, nous en tant qu'écrivains, en tant qu'auteurs, pouvoir prendre le temps de ce recul pour mettre des mots sur cette violence qui est arrivée et qui continue d'avoir un impact sur nos sociétés aujourd'hui?", s'est-il interrogé.
Le jury du Renaudot a une présidence tournante qui cette année revenait à Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008. Or, on savait qu'il avait beaucoup aimé le livre de Gaël Faye.
"On couronne un slammeur, un rappeur et aussi l'ensemble de son œuvre en tant que musicien et comme romancier", a déclaré à l'AFP l'un des autres jurés du Renaudot, Frédéric Beigbeder.
"Dans son travail, la musique et la littérature se répondent, se nourrissent l'un l'autre. Et ça, c'est aussi important parce qu'on reproche souvent aux prix littéraires d'avoir un peu des œillères dans un monde fermé", s'est-il félicité.
Kamel Daoud remporte le prix Goncourt 2024 pour son roman "Houris"