"Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu'on leur apporte, ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations, mais ce qu'ils veulent, c'est du réel. (...) Après une journée de dialogue, nous annoncerons ce soir un plan qui s'appellera +Mayotte debout+", qui permettra "d'apporter des réponses rapides", a affirmé le Premier ministre, alors que les habitants attendent de pied ferme des réponses concrètes du gouvernement.
"Et puis après, il y aura une deuxième phase d'ici quelques mois. C'est un plan à long terme. Parce qu'il ne s'agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s'agit de dessiner l'avenir de Mayotte, différent", a ajouté M. Bayrou.
Désireux de "faire mentir la fatalité", le Premier ministre a répété son "objectif" de rebâtir Mayotte en deux ans.
Accompagné de cinq ministres, dont les ministres d'Etat Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outremer), François Bayrou doit s'exprimer depuis le conseil départemental mahorais en fin de journée.
Le sort de Mayotte pourrait faire l'objet d'un projet de loi spéciale, qui serait présentée lors du Conseil des ministres vendredi.
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"Prudence" sur le bilan
Mais pour la députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa, les efforts ne sont "pas à la hauteur des besoins". "Il faut calibrer l'aide à hauteur de la population réelle", y compris les sans-papiers, nombreux dans l'archipel, a-t-elle souligné sur RTL.
M. Bayrou a jugé à cet égard "irresponsable" de prétendre "qu'il n'y a pas un problème d'immigration brûlant à Mayotte". "Notre devoir à nous, c'est de poser la question et de tenter d'apporter des réponses", par "des propositions de loi qui isoleront les sujets qui seront des sujets de blocage", a-t-il dit.
Revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l'archipel, "est une question qu'il faut se poser", a-t-il précisé.
Environ un tiers de la population de Mayotte - officiellement 320.000 habitants selon l'Insee, mais peut-être 100.000 à 200.000 de plus compte tenu de l'immigration irrégulière - réside dans des habitats précaires, entièrement détruits.
Chido, cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé le 14 décembre la mort de 39 personnes et fait plus de 5.600 blessés, selon un bilan publié dimanche par la préfecture.
Concernant le bilan des victimes, M. Bayrou a appelé lundi à une "très grande prudence", affirmant que les "rumeurs de milliers de morts" n'étaient "pas fondées" et que les décès se comptaient plutôt en "quelques dizaines ou quelques centaines". Le préfet de Mayotte avait évoqué au lendemain de la catastrophe la possibilité qu'il y ait "plusieurs centaines" de morts. "Peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers", avait-il ajouté.
Les dommages sont en tous cas colossaux dans ce département le plus pauvre de France. Les secours y sont depuis à pied d'œuvre pour rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les réseaux de communications.
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"Moteur diesel"
Après l'acheminement dans son avion de 2,5 tonnes de matériel humanitaire, le Premier ministre a débuté la journée par plusieurs visites: usine de dessalement de Petite-Terre, collège de Kaweni 2 à Mamoudzou, hôpital de campagne installé après le cyclone.
"Tout a été vandalisé", a déploré un professeur de sport, qui réclame que le collège soit "gardé".
En montrant les collines dévastées où se trouvaient des bidonvilles, le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila a plaidé pour que l'on "arrête ça". "On ne peut pas laisser les gens refaire les mêmes erreurs en espérant que demain il y aura des résultats différents", a-t-il fait valoir auprès de M. Bayrou.
Plusieurs rencontres sont prévues avec les acteurs économiques, les forces de sécurité et les élus locaux, ainsi qu'une cérémonie d'hommage au capitaine de gendarmerie Florian Monnier décédé en intervention après le passage du cyclone.
Lors d'un déplacement les 19 et 20 décembre, où il avait été confronté à l'impatience, la colère et au désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu, le président Emmanuel Macron avait annoncé de premières mesures d'urgence pour Mayotte qui, "pendant des mois", "ne vivra pas en situation normale".
M. Bayrou a, lui, connu une première et intense polémique en se rendant, deux jours après le passage du cyclone, à Pau pour présider le conseil municipal de la ville dont il est le maire depuis 2014.
Le chef du gouvernement a été "un peu un moteur diesel" sur Mayotte, a raillé lundi le député Rassemblement national Laurent Jacobelli.
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a lui demandé "des actes" au Premier ministre, car "les habitants se sentent abandonnés et attendent des aides".
A l'issue de sa visite à Mayotte, M. Bayrou se rendra sur l'île de La Réunion, importante base logistique pour l'aide à l'archipel mahorais, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner la métropole.
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