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Jamais depuis 2008 autant de populations n'ont dû fuir les catastrophes climatiques (ONU)

Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir cyclones, sécheresses, incendies et autres catastrophes climatiques l'année dernière. Un nombre record depuis 2008, qui souligne l'urgence de déployer des réseaux d'alerte précoces tout autour du globe, selon l'ONU.
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Les pays pauvres sont fortement touchés, rappelle le rapport annuel sur l'état du climat de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui se base sur les données de l'International displacement monitoring centre (IDMC) qui collecte des données à ce sujet depuis 2008.

Au Mozambique ce sont environ 100.000 personnes qui ont été déplacées lors du passage du cyclone Chido. Mais les pays riches ne sont pas épargnés. L'OMM rappelle par exemple que les inondations à Valence en Espagne ont fait 224 morts et que les incendies dévastateurs au Canada et aux Etats-Unis ont forcé plus de 300.000 personnes à abandonner leur foyer pour se mettre en sécurité.

"En réponse, l'OMM et la communauté internationale intensifient leurs efforts pour renforcer les systèmes d'alerte précoce", explique Celeste Saulo, la secrétaire générale de l'agence.

L'OMM veut que d'ici la fin 2027 toute la population mondiale puisse être prévenue à temps. 

"Nous réalisons des progrès, mais il faut aller plus loin et plus vite. Seuls la moitié des pays du monde disposent de systèmes d'alerte précoce adéquats", plaide-t-elle.

Cet appel intervient alors que le retour au pouvoir de Donald Trump, ouvertement climatosceptique, fait craindre un recul dans les sciences du climat. 

La principale agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l'analyse du climat et de la conservation marine, la NOAA, est devenue une cible privilégiée de l'administration républicaine, et des centaines de scientifiques et d'experts ont déjà été licenciés.

Donald Trump a également nommé à la tête de cette prestigieuse agence un météorologue, Neil Jacobs, qui avait induit en erreur la population sur le passage d'un ouragan lors de son premier mandat.

Le changement climatique, une réalité déjà très concrète partout en France

"Investir dans la météo"


Ces dernières semaines, l'OMM a souligné le rôle de "leadership" des Etats-Unis dans le système international qui permet d'établir des prévisions météorologiques essentielles et vitales.

"Nous travaillons avec tous les scientifiques dans le monde pour améliorer la situation des populations" et "espérons que cela continuera malgré les divergences politiques et les changements internes", a indiqué Omar Baddour, qui dirige les services de surveillance du climat de l'OMM, lors de la présentation du rapport.

Scientifiques et défenseurs de l'environnement ont exprimé leur inquiétude face aux licenciements et à un possible démantèlement de la NOAA.

"Investir dans les services météorologiques et hydrologiques nationaux est plus important que jamais pour relever les défis et bâtir des communautés plus sûres et plus résilientes", relève aussi Celeste Saulo.

D'autant que "les signes évidents du changement climatique provoqué par l'homme ont atteint de nouveaux sommets en 2024", avec des conséquences irréversibles sur des centaines, voire des milliers d'années, souligne l'OMM dans un communiqué.

L'accord historique sur le climat de 2015 ambitionne de maintenir le réchauffement bien en dessous de 2°C et de poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle.

Le rapport de l'OMM rappelle que l'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, et la première année calendaire au-dessus de ce niveau de réchauffement avec une température moyenne à la surface de la planète supérieure de 1,55°C à la moyenne de la période 1850-1900, selon une analyse se basant sur six grandes bases de données internationales.

"Notre planète envoie de plus en plus de signaux d'alarme, mais ce rapport montre qu'il est encore possible de limiter la hausse de la température mondiale à long terme à 1,5 °C", affirme le chef de l'ONU Antonio Guterres dans le communiqué.

Les températures ne sont qu'une partie du tableau.

En 2024, "nos océans ont continué de se réchauffer" et "le niveau de la mer a continué d'augmenter", s'inquiète Mme Saulo, tandis que "la cryosphère, la partie gelée de la surface terrestre, fond à un rythme alarmant : les glaciers continuent de reculer et la banquise antarctique a atteint sa deuxième plus faible étendue jamais enregistrée". 

Lors de la présentation du rapport, l'océanographe Karina von Schuckmann a elle fait état d'"une accélération" de deux indicateurs mondiaux : le réchauffement des océans, marqué par une accélération depuis 1960, et l'élévation du niveau de la mer.

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