Le “Robinson Crusoé” italien - comme il était surnommé par les médias italiens - Mauro Morandi, s’en est allé le 3 janvier 2025 à l'âge de 85 ans. Celui qui a vécu au total trente-deux ans sur l'île de Budelli souhaitait initialement échapper aux affres de la société moderne consumériste. Il a finalement contribué à la préservation de l'île.
Gardien de l'écosystème
Après avoir fait naufrage à Budelli, une île dans l’archipel de La Maddalena, située entre la Sardaigne et la Corse en 1989, Mauro Morandi s’y est établi. Alors professeur d’éducation physique proche de la retraite, le naufragé s’est donné pour mission de préserver l’écosystème de l'île. Pour ce faire, il accueillait les touristes sur place et s’assurait que l’environnement était respecté tout le long de leur séjour.
L'île est connue pour son sable rose qui lui donne un charme particulier. Certains visiteurs de Budelli n’hésitaient pas à repartir avec des bouteilles remplies de sable rose, contribuant ainsi à la lente destruction de l’écosystème de l'île.
Mauro Morandi relate son parcours dans un livre qu’il a corédigé avec Antonio Rinaldis, Il guardiano di Budelli : storia di un uomo e della sua isola deserta, dont la traduction est Le gardien de Budelli - Une longue histoire d’amour entre un homme et son île déserte.
L’ermite des temps modernes habitait dans un ancien abri de la Seconde Guerre mondiale et se faisait livrer sa nourriture directement par bateau.
Une figure plébiscitée
En 2021, le “Robinson Crusoé” italien est chassé de l'île par les autorités du pays qui souhaite faire de Budelli un parc national naturel. Une pétition qui a recueilli près de 18 000 signatures appelait au retour de l’homme sur l'île.
Mauro Morandi s’était confié auprès du journal La Reppublica. Il assurait : “S’ils me chassent d’ici, je mourrai immédiatement. Je ne peux pas retourner dans une maison, parmi les gens.” Il est finalement décédé trois ans après avoir quitté Budelli.
Sur Facebook, les proches de Mauro Morandi ont annoncé son décès avec ces mots : “Maintenant tu peux retrouver Silvana, la femme qui t’aimait plus que quiconque”, a écrit un ami de Mauro Morandi après sa mort. “Tes cendres reposeront sur ton île bien-aimée, bercées par les délicats reflets de la plage rose et caressées par les majestueux genévriers façonnés par les vents d’ouest. Et cette fois, Mauro, personne ne pourra t’arracher à ton île. Personne. Tu as gagné à la fin.” Mauro Morandi avait confié à ceux qui soutenaient son retour sur l'île : “Si je meurs, j’aimerais que mes cendres soient dispersées dans cette mer.” Une dernière volonté qui sera potentiellement réalisée.
Le décès de l’ermite moderne, particulièrement apprécié en Italie a suscité une vague d’émotions sur les réseaux sociaux, certains allant jusqu’à suggérer l’érection d’une statue en l’honneur de Mauro Morandi, qui a protégé l'île de Budelli de la pollution et du surtourisme trente-deux ans durant.