"Féminicide, c'est un mot qu'on n'a pas entendu depuis le début de ce procès", lance au début sa plaidoirie Me Daniel Del Risco, avocat du père de Sandra Pla, poignardée à une cinquantaine de reprises le 2 juillet 2021.
Féminicide dans le Nord : l'époux mis en examen et placé en détention provisoire
"Effacer son ex-conjointe"
Âgée de 31 ans, elle fut découverte le visage défiguré. L'accusé reconnaît avoir tué celle qui l'avait quitté, après 10 ans de vie commune, mais il nie la préméditation et affirme ne pas se souvenir du moment où il l'a poignardée.
Mickaël Falou dit aussi ne pas se souvenir d'avoir vu sortir, le jour des faits, l'homme qui avait passé la nuit avec son ex-conjointe, alors qu'il s'était caché dans une remise du jardin durant la nuit, avant de passer à l'acte le matin.
"Amnésique quand ça l'arrange", ironise Me Del Risco. "Pendant tout ce procès, à aucun moment je n'ai vu l'accusé parler de Sandra, il n'a parlé que de lui. Ou alors c'était toujours des reproches", poursuit l'avocat, pour qui Mickaël Falou "a voulu effacer totalement" la jeune femme.
"Il n'a pas supporté qu'elle porte plainte, que ses parents viennent vivre avec elle pour la protéger, que ses voisins la protègent, qu'elle ait une autre relation", assène-t-il. "Alors, comme s'il s'était retrouvé devant un tableau, Sandra, qui ne lui plaisait pas, il a pris son crayon, son couteau, et il a rayé, rayé, rayé. Il l'a massacrée."
"Les féminicides ne sont pas un hasard, ce sont toujours les mêmes mécanismes", abonde Me Elsa Crozatier, qui représente la mère, le beau-père et le frère de la victime.
"D'abord la rupture, et ces hommes qui ne supportent pas la rupture. Le crime, qui est un déchaînement de violence. Et enfin, on a des failles. Les femmes avaient alerté", énumère l'avocate, insistant sur ce "féminicide annoncé" par plusieurs plaintes et mains courantes.
Et une lettre adressée au président Emmanuel Macron, dont Me Crozatier a lu un extrait à la barre : "Sa rage est de plus en plus forte et menaçante (...) Dois-je attendre qu'il m'arrive un malheur ?".
Le verdict est attendu vendredi soir après le réquisitoire et les plaidoiries de la défense.
Chaque jour, trois victimes de féminicides ou tentatives de féminicides conjugaux, selon un rapport