Renaud Gaudeul, procureur de la République à Bordeaux, a confirmé la mise en examen de ces quatre hommes âgés entre 40 et 57 ans, tous domiciliés en Gironde, pour viols avec acte de torture et de barbarie, et complicité de ces crimes pour l'un d'entre eux, sur une période courant de 2011 à 2024.
Cinq femmes âgées entre 45 et 67 ans, anciennes compagnes de l'un des suspects, "sont à ce jour recensées" comme victimes, a ajouté le magistrat dans un communiqué, confirmant des informations des quotidiens Le Monde et Le Parisien.
L'une d'elles a déposé plainte en 2023 contre son ex-conjoint, né en 1969, après "après avoir subi ce qu'elle décrit comme des viols collectifs commis par son compagnon et des hommes qu'il invitait", selon le parquet.
Elle témoigne d'une "stratégie d'emprise" qui aurait permis à son conjoint de lui imposer "plusieurs viols collectifs, filmés" de 2020 à 2023.
Les enquêteurs ont ensuite entendu quatre autres compagnes successives de cet homme, qui ont déclaré avoir subi "des scènes comparables à celles décrites par la première plaignante".
Des dizaines de vidéos ont été retrouvées au domicile de l'intéressé, un quinquagénaire travaillant dans la maintenance et présentant un casier judiciaire vierge selon son avocat.
L'exploitation des images a permis "de considérer que l'absence de consentement des femmes était caractérisée", souligne le procureur. "À plusieurs reprises, des hurlements de douleur étaient entendus", ajoute-t-il.
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Clubs libertins
Le Monde et Le Parisien ont évoqué des insultes inscrites au marqueur sur le corps des plaignantes, des rapports avec des dizaines d'hommes sans protection et le recours à des objets ou des animaux.
Les investigations ont permis "d'identifier plusieurs autres participants aux faits", selon le parquet, et de localiser le lieu de tournage de certaines vidéos: au domicile du principal mis en cause, dans des clubs libertins de la métropole bordelaise, sur la voie publique, toujours à Bordeaux mais également ailleurs, dans l'Hérault et dans le Gard.
Cet homme "ne conteste pas les pratiques qui sont énoncées" mais bien "le fait que cela puisse constituer des faits de viol", a déclaré à l'AFP son avocat Me Julien Plouton.
"Il ne s'est jamais vécu et perçu comme étant quelqu'un qui commettait des infractions pénales, il se voit comme quelqu'un qui était dans la pratique du plaisir sexuel libertin, même si ce sont manifestement des pratiques extrêmes", a ajouté le conseil. "Il considère que ces femmes étaient consentantes."
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"Participants récurrents"
Trois autres hommes, décrits par l'avocat comme "des participants très récurrents", ont été mis en examen.
"Si l'un de ces hommes a fini par admettre qu'il avait conscience de l'absence de consentement de sa partenaire féminine, les autres affirm(ent) le contraire", fait valoir le procureur.
Tous encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
L'enquête, confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux et initialement suivie par le parquet de Libourne, a été transmise au pôle criminel du parquet de Bordeaux en février. Deux juges d'instruction ont été saisis.
Pour Me Plouton, ce dossier doit pousser à s'interroger sur "la récurrence de ces pratiques" dans les milieux libertins.
"Je ne pense pas que dans un dossier comme celui-ci, on puisse se contenter de rester sur une enquête qui se focalise sur mon client et les personnes qui, à ce jour, ont été mises en examen à ses côtés", estime-t-il.
"Manifestement, on a déjà des éléments qui ouvrent la voie à des cercles beaucoup plus larges", indique-t-il, sans pouvoir confirmer "en l'état" une éventuelle soumission chimique d'une victime, également évoquée par Le Parisien.
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