Le jeune Tunisien comparaît pour assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste.
Le matin du 29 octobre, armé d'un couteau de cuisine, il avait quasiment décapité Nadine Vincent, une fidèle de 60 ans, mortellement blessé de 24 coups de couteau une mère de famille franco-brésilienne, Simone Barreto Silva, 44 ans, qui avait réussi à s'enfuir avant de succomber à ses blessures et égorgé le sacristain Vincent Loquès, 55 ans, père de deux filles.
La veille au soir, dans un message audio, Brahim Aouissaoui avait expliqué à un compatriote résidant en région parisienne qu'il ne pouvait pas se rendre à Paris, faute d'argent, mais disait-il : "J'ai un autre programme dans ma tête. Que Dieu le facilite".
Cinquième enfant d'une fratrie de six, Brahim Aouissaoui, vendeur d'essence au marché noir, avait quitté la ville de Sfax (Tunisie) dans la nuit du 19 au 20 septembre 2020 à bord d'une embarcation avec dix autres personnes, sans prévenir sa famille.
Après un passage en Italie, il arrive dans la soirée du 27 octobre en gare de Nice.
Son séjour a pu y être presque intégralement reconstitué grâce aux nombreuses caméras de surveillance installées en ville.
Les enquêteurs ont ainsi pu établir qu'il est passé cinq fois devant la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption avant de commettre son acte.
Après deux nuits dans le hall d'un immeuble de la rue d'Angleterre, il entre dans la basilique à 08h29 le matin du 29 octobre, armé d'un couteau de cuisine muni d'une lame de 17 cm.
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"Amnésie fictive"
Selon les policiers qui l'ont interpellé dans la basilique après avoir été alertés par des témoins, Brahim Aouissaoui a crié "Allah Akbar" en les menaçant avec son couteau.
Touché par huit balles tirées par les policiers, électrocuté par un taser, l'assaillant est menotté avant d'être hospitalisé. Il est à peine 09h00.
Une fois rétabli, le jeune homme est mis en examen le 7 décembre 2020. Aux enquêteurs, il assure avoir tout oublié des faits et même le prénom de ses parents. Il a maintenu cette position tout au long des investigations.
Son examen médical n'a révélé aucune lésion cérébrale et l’expertise psychiatrique a conclu à l’absence d’altération ou d’abolition de son discernement au moment des faits.
Surtout, les écoutes de ses conversations téléphoniques en prison ont démontré, selon l'accusation, "que sa prétendue amnésie était pour le moins très exagérée".
"L’accusé se mure dans une amnésie fictive comme l’ont démontré les deux expertises pratiquées sur lui", estime Me Samia Maktouf, qui représente la famille du sacristain.
"Son amnésie n’est donc qu’une stratégie de défense et de déni des faits", a-t-elle déploré auprès de l'AFP. "Les victimes sont en quête de vérité", a-t-elle ajouté.
"Son amnésie ne résistera pas à l'oralité des débats", espère Me Philippe Soussi, avocat notamment du mari d'une victime et de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT).
Qualifiant de "supercherie" l'attitude de l'accusé, Me Soussi rappelle que "sa radicalisation est ancienne et profonde". "Parfois, on mène le jihad jusque dans le box", explique-t-il.
"Depuis son réveil du coma il y a maintenant plus de quatre ans, M. Aouissaoui a toujours indiqué ne pas avoir de souvenirs des actes qu’il aurait pu commettre en octobre 2020", souligne de son côté son avocat, Me Martin Méchin.
"Après plus de quatre ans de détention à l’isolement total, la question qui va se poser à l’ouverture de l’audience sera celle de son état de santé mentale actuel, de sa capacité à comprendre les charges qui pèsent contre lui, et donc de sa capacité à pouvoir se défendre comme tout accusé a le droit de le faire", souligne l'avocat auprès de l'AFP.
L'attentat de la basilique de Nice n'a pas été revendiquée par les groupes jihadistes, qui s'en sont néanmoins félicités.
Le procès est prévu jusqu'au 26 février.
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