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La justice argentine réexamine, en appel, l'affaire Jegou-Auradou, accusés de viol

La justice argentine réexamine lundi les cas d'Oscar Jegou et d'Hugo Auradou, des rugbymen français qui ont bénéficié en décembre d'un non-lieu pour un viol dont ils avaient été inculpés en juillet, une relaxe suivie dans la foulée d'un appel interjeté par la plaignante.
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Alors que les deux joueurs ont depuis des mois retrouvé le rugby, d'abord en club, puis il y a une semaine avec le XV de France, face au pays de Galles, et samedi contre l'Angleterre, la procédure, quant à elle, s'apprête à jouer les prolongations à 11.000 km de là, à Mendoza, dans l'ouest de l'Argentine.

Il y a deux mois exactement, et après cinq mois de procédure, la justice argentine a décidé l'abandon des poursuites contre Auradou et Jegou, suivant en cela les réquisitions du parquet.

En juillet dernier, ces deux internationaux de 21 ans avaient été inculpés de viol aggravé, car en réunion, d'une Argentine de 39 ans, dans leur chambre d'hôtel de Mendoza, la nuit de 6 au 7 juillet, au terme d'une soirée alcoolisée ayant suivi un match du XV de France contre l'Argentine.

Détention préventive, puis assignation à résidence s'ensuivirent pour Jegou et Auradou, avant que la justice ne les autorise à regagner la France début septembre parce que "l'accusation initiale a perdu de sa force", estimait alors le parquet. Tandis que la procédure continuait de voir s'affronter deux versions radicalement opposées  -"violence terrible" selon la plaignante, "acte consenti" selon la défense. La justice a tranché, excluant un procès.

Sitôt après le non-lieu, l'avocate de la plaignante, Natacha Romano, annonçait faire appel, déplorant que toutes les preuves n'aient pas été "pleinement évaluées". 

Une référence, en particulier, à un rapport sur l'origine des ecchymoses sur sa cliente, d'après elle des "blessures atroces" liées à l'agression et non à une pathologie hématologique. Un rapport rejeté pendant l'instruction puis par la juge du non-lieu, regrettait l'avocate.

Maître Romano a assuré cette semaine à l'AFP aborder l'appel "avec toute la foi du monde", malgré "l'absence de justice antérieure" -elle avait à plusieurs reprises dénoncé une "partialité" de la justice provinciale de Mendoza (l'Argentine est un Etat fédéral). Et a redit sa résolution, si le non-lieu était confirmé en appel, "à aller bien entendu à la Cour" de cassation provinciale, la prochaine instance de recours.

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L'affaire jusqu'au Costa Rica ?

En décembre déjà, elle avait fait part à l'AFP de sa détermination, sur instruction de la famille de la plaignante, à "épuiser les instances", jusqu'à la Cour suprême, provinciale puis nationale, "et, si nécessaire, la Cour interaméricaine" des droits de l'homme, dont le siège est au Costa Rica, à San José. Laissant entrevoir une procédure sur plusieurs années.

"Un éventuel acharnement judiciaire ne changerait pas la réalité des faits et des preuves", a commenté auprès de l'AFP Me Antoine Vey, l'avocat français des joueurs, déplorant "des soubresauts procéduraux, manœuvres dilatoires de la partie adverse". 

"Je rappelle simplement que les juges argentins, malgré la pression qui pesait sur eux et le battage médiatique de l'accusation, ont reconnu que le dossier ne contenait aucune preuve et que, par conséquent, les joueurs étaient innocents", a-t-il poursuivi.

Innocentés... et réhabilités ? Il n'a pas échappé en Argentine que Jegou et Auradou, dont des voix dans le monde du rugby français et en dehors ont critiqué le retour en sélection -un retour "complètement assumé" par l'encadrement-, ont été sifflés par une partie du public à leur entrée en jeu au moment de France-Galles.

"Il faut toujours respecter le public", notait cette semaine Rafael Cuneo Libarona, l'avocat argentin des joueurs. Mais, "avec le temps, il comprendra qu'ils sont innocents" et qu'une "accusation fausse et grave (...) a causé beaucoup de tort à deux personnes bien".

Les audiences, initialement prévues pour se dérouler sur deux après-midis, lundi puis mardi, pourraient finalement ne durer qu'une journée, estimait-on en fin de semaine auprès des parties. 

La chambre d'appel, composée de trois magistrats, devrait rendre sa décision sous cinq jours.

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