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Mutilations lors d'une manifestation de "gilets jaunes" : non-lieu pour un policier

Un policier, visé par une enquête pour violences sur un badaud blessé au cours d'une manifestation de "gilets jaunes" en novembre 2018, a bénéficié début mars d'un non-lieu, justifié par un "contexte" global "d'insurrection", a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.
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Le 24 novembre 2018, alors qu'une manifestation de "gilets jaunes" avait lieu à Paris, Maxime W., 29 ans, avait été mutilé dans l'explosion d'une grenade lancée par un CRS, se voyant prescrire 21 jours d'incapacité totale de travail (ITT).

Une information judiciaire avait été ouverte à Paris en mai 2019 pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique suivie d'incapacité supérieure à 8 jours.

Le 3 mars 2025, la juge d'instruction a prononcé un non-lieu en faveur du major, qui n'avait pas été mis en examen.

Elle a estimé que le jet de grenade avait été "un moyen légitime et proportionné d'user de la force face à la situation dans laquelle se trouvaient les forces de l'ordre", évoquant des "scènes d'émeutes et d'insurrection", d'après son ordonnance dont l'AFP a eu connaissance.

Cette appréciation tranche avec l'analyse d'un autre juge d'instruction, chargé d'investigations sur le lancer d'une autre grenade, par le même policier, le même jour.

Ce magistrat a lui renvoyé Jacky D., aujourd'hui âgé de 53 ans, devant le tribunal correctionnel, pour blessures involontaires sur un manifestant "gilet jaune", qui a eu la main arrachée dans l'explosion de la grenade.

Maintien de l'ordre : ce qui a changé depuis les gilets jaunes

"Il ne participait même pas à la manifestation"

Ce procès doit se tenir le 11 septembre à Paris, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.

Dans ce cas, le magistrat a estimé que le major n'avait certes pas été "animé par une volonté" de blesser le "gilet jaune", mais qu'il n'avait pas pris les précautions nécessaires au lancer de la grenade.

Une même requalification en blessures involontaires aurait été "le minimum appréciable" pour Maxime W., a estimé son avocate Ainoha Pascual, relevant que les deux grenades avaient été lancées dans un "très court laps de temps".

Depuis cette explosion, Maxime W. a vécu "une descente aux enfers" alors qu'il ne "participait même pas à la manifestation", a insisté son conseil.

Cadre travaillant dans le quartier d'affaires de La Défense, à proximité de Paris, l'homme, aujourd'hui âgé de 36 ans, a perdu "définitivement une part substantielle de l'ouïe" et a dû quitter son emploi, ne "pouvant plus participer aux réunions", a raconté Me Pascual.

Toute sa vie "a changé en conséquence", a fait valoir son avocate, notamment sur le plan personnel puisqu'il a "dû déménager, ne supportant plus les bruits de la ville".

Martin Dier, avocat du policier, n'a pas souhaité s'exprimer.

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