Arrestation en Suisse du suspect du meurtre
Les obsèques de la jeune étudiante Philippine sont célébrées vendredi en début d'après-midi à la cathédrale de Versailles, une semaine après un meurtre qui suscite émotion et débat sur le parcours du suspect, condamné pour viol et en instance d'expulsion.
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A la veille de ces funérailles, Emmanuel Macron a exprimé jeudi "l'émotion de toute la Nation" après un "crime odieux et atroce", et estimé qu'il fallait "chaque jour mieux protéger les Français". "Evidemment, la justice fera son travail", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à Montréal.
Un peu plus tôt, le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dit avoir pour la jeune femme "et sa famille une pensée émue".
"Toutes les leçons devront êtres tirées", a-t-il ajouté à l'occasion de la cérémonie de départ du directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux.
Le suspect sous OQTF
Le ministre avait appelé mercredi à une évolution de "l'arsenal juridique" après l'arrestation en Suisse du suspect du meurtre, un ressortissant marocain sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
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Mercredi soir, une veillée de prière à l'église Saint-Pierre du Lac de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), fréquentée par Philippine et sa famille, a rassemblé une centaine de personnes dont ses parents, selon une source policière.
Le corps de la jeune femme de 19 ans, étudiante à l'université de Paris-Dauphine, a été retrouvé enterré non loin de ce campus dans le bois de Boulogne, dans l'ouest parisien, lors d'une battue organisée samedi après-midi.
Une information judiciaire pour viol et homicide a été ouverte par le parquet de Paris.
Le fait que le suspect, condamné pour viol, soit en instance d'expulsion a suscité de nombreuses réactions politiques.
Des réactions politiques, à gauche comme à droite
Plusieurs responsables politiques, de droite comme de gauche, ont mis en cause "la chaîne pénale et administrative" dans cette affaire, jugeant que le suspect n'aurait pas dû être libéré avant l'obtention du laissez-passer permettant son expulsion vers le Maroc.
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Les députés Les Républicains ont déposé jeudi une proposition de loi pour allonger nettement la durée de rétention des "étrangers clandestins dangereux". Le patron du RN Jordan Bardella a pour sa part fustigé une "justice irresponsable".
Condamné en 2021 pour un viol commis en 2019, Taha O. avait été libéré, "en fin de peine", en juin, selon le parquet de Paris.
A sa sortie de prison, l'homme de 22 ans avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Metz.
Son placement a été prolongé à trois reprises, avant qu'un juge des libertés et de la détention (JLD) ne valide sa sortie du CRA.
Le JLD avait motivé sa décision par le fait que "l'intéressé n'a pas sollicité l'asile et ne s'est pas opposé à la mesure d'éloignement" de France. Le suspect n'avait pas non plus adopté de comportement constituant un "trouble à l'ordre public" lors de son séjour en CRA, susceptible d'autoriser une quatrième prolongation.
Plus de 200 000 femmes victimes de viols ou agressions en France en 2021
La mesure était assortie d'une obligation de pointer et d'une assignation à résidence dans un hôtel de l'Yonne, où Taha O. ne se rendra jamais.
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La veille du meurtre, le 19 septembre, il avait été inscrit au fichier des personnes recherchées parce qu'il ne respectait pas son obligation de pointer.
Des associations féministes et élus de gauche ont appelé de leur côté à "penser ce crime" sous le prisme des féminicides et non de l'immigration.
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"La misogynie tue. Ne nous trompons pas de débat", a réagi la Fédération nationale de centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).
Selon les dernières données de l'Observatoire des violences faites aux femmes, qui précise qu'il s'agit d'une estimation minimale, 217.000 femmes majeures ont été victimes de viols, tentatives de viol et/ou agressions sexuelles en France en 2021.