La photo affichée sur les écrans de la salle d'audience est celle d'un homme en doudoune rouge, un couteau ensanglanté dans la main droite. "Je me suis reconnu", admet l'accusé qui a décidé de sortir de son mutisme.
Reconnaît-il les faits ? "Je n'arrive pas à réaliser comment cela s'est passé", dit l'accusé. Pour l'heure, le président de la cour d'assises, Christophe Petiteau, savoure ce début de confession. "Je note une évolution dans vos déclarations", souligne-t-il.
Jusqu'à présent, Brahim Aouissaoui affirmait ne se souvenir de rien prétextant une "amnésie" totale entre son départ de Tunisie en septembre 2020 et le meurtre de trois paroissiens dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice le 29 octobre 2020.
Contre toute évidence, il disait ne pas se reconnaître dans les images de vidéosurveillance qui ont capté pratiquement toutes ses pérégrinations depuis son arrivée à la gare de Nice le 27 octobre à 20H31 jusqu'au matin du 29 octobre quand il est entré dans la basilique, casquette rouge sur la tête, jean déchiré et baskets noires et blanches aux pieds, portant un sac à dos cachant trois couteaux.
Face aux questions du juge d'instruction, il n'avait eu chaque fois qu'une seule réponse: "Je ne sais pas".
Avant le demi-aveu de l'accusé, une enquêtrice de la Sous-direction antiterroriste (Sdat), identifiée comme Sdat-267, a détaillé devant la cour les 36 heures passées à Nice par Brahim Aouissaoui.
Avant de passer à l'acte, le jeune Tunisien avait effectué quatre "repérages" aux abords de la basilique. Le matin même des faits, à 06H38, il effectue un dernier "repérage". A 08H29, il entre dans la basilique.
"Je m'excuse mais je dois diffuser des images brutales", prévient l'enquêtrice.
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"Un fou qui plante les gens"
À 08H39, une paroissienne, Nadine Vincent, épouse Devillers, 60 ans, entre dans l'église. Elle y est alors seule avec Brahim Aouissaoui. Elle sera sa première victime.
En regardant les images insoutenables de flagrance, on ne peut qu'imaginer la violence de la scène. Nadine Devillers, allongée sur le dos, a été pratiquement décapitée. Elle git dans une mare de sang.
"On a relevé 17 plaies" sur le corps de la victime, précise l'enquêtrice dans un silence pesant.
À 08H49, une fidèle arrive dans l'église et voit le corps de Nadine Devillers. Extrêmement choquée, elle sort pour donner l'alerte, dit qu'il y a une "femme blessée" à l'intérieur de l'église. Une mère de famille, Simone Barreto Silva, n'hésite pas et fonce dans la basilique pour la secourir. Mais elle tombe sur Brahim Aouissaoui.
Poignardée à de nombreuses reprises au niveau de l'abdomen, Simone Barreto Silva parvient à s'échapper. La vidéosurveillance la montre sortir de l'église jusqu'à la terrasse d'une pizzeria où elle succombera à ses blessures.
Elle a reçu 25 coups de couteau, indique l'enquêtrice.
Avant de mourir, la Franco-Brésilienne de 44 ans dit: "Il y a un fou qui plante les gens à l'intérieur de l'église".
Dans la salle d'audience, sa soeur pleure en silence.
Alerté par les cris de détresse de Simone Barreto Silva, le sacristain Vincent Loquès, 55 ans, père de deux filles, qui vient de rentrer dans l'église, court en direction de ces cris. Brahim Aouissaoui se jette sur lui et l'égorge avec son couteau de cuisine muni d'une lame de 17 cm.
Entre le premier crime de Brahim Aouissaoui et sa neutralisation par des policiers municipaux, se sont écoulées à peine 14 minutes.
Dans son box, l'accusé qui balance parfois sa tête d'avant en arrière, les mains jointes posées en haut de ses cuisses, ne quitte pas les écrans des yeux.
Le procès est prévu jusqu'au 26 février.
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