Après les sénateurs, les enquêteurs : des perquisitions ont été effectuées mardi 5 novembre 2024 dans les bureaux de la Ligue de football professionnel (LFP) et dans ceux du fonds d'investissement CVC notamment, a appris l'AFP de sources proches du dossier et judiciaire.
Une autre perquisition a eu lieu au domicile de Vincent Labrune, le président de la LFP, réélu pour un second mandat à la tête de l'instance en septembre dernier, à Saint-Rémy-de-Provence, a appris l'AFP d'une autre source.
Sollicités, ni Christophe Ingrain, l'avocat de la LFP, ni Sébastien Schapira, celui de Vincent Labrune, ni enfin les conseils de CVC Capital Partners n’ont souhaité s'exprimer.
Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête du parquet national financier (PNF) ouverte en février 2024 sur des soupçons de détournement de fonds publics, de corruption active et passive d'agent public et de prise illégale d'intérêt, a précisé la source judiciaire, confirmant une information de L'Equipe.
Plainte d'une association anticorruption
Le parquet national financier avait ouvert cette enquête à la suite d'une plainte déposée en novembre 2023 par l'association AC! Anticorruption dénonçant un possible détournement de fonds publics lors de la création de la société commerciale de la LFP.
Cette société a été créée après une cession partielle de capital au fonds d'investissement luxembourgeois CVC Capital Partners.
L'accord conclu en avril 2022 par la LFP avec CVC rapportera au total 1,5 milliard d'euros au football professionnel français, contre 13,04% de ses revenus à vie pour le fonds d'investissement.
D'après L'Equipe, "lors des négociations entre CVC et la LFP, il avait été prévu que les banquiers et les avocats qui conseillaient la LFP seraient rémunérés une fois le deal ficelé" à hauteur de 37,5 millions d'euros, ce qu'a confirmé la source proche du dossier.
Celle-ci a également confirmé qu'"une part" (8,5 millions d'euros, principalement pour Vincent Labrune, d'après L'Equipe) avait été versée en bonus aux dirigeants de la Ligue ayant participé à la négociation du contrat.
Au moment de sa signature, cet accord devait sortir de l'ornière le football professionnel français, exsangue après l'épidémie de Covid-19 et la défaillance économique en France du groupe audiovisuel sino-espagnol Mediapro, éphémère détenteur des droits TV de la Ligue 1.
Si aucun service n'avait été saisi au lancement de l'enquête, les investigations ont été confiées le 16 juillet dernier à la Section de recherches de Paris qui doit éclaircir les conditions de cet accord et notamment le rôle des divers protagonistes.
La LFP, qui avait prévu mardi matin un briefing média pour présenter sa campagne en faveur du Bleuet de France, a annulé la réunion.
Crédit : Tumisu / Pixabay
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L'enquête du PNF après celle du Sénat
Mais au moment du lancement de l'enquête, des sources proches de l'instance confiaient à l'AFP se sentir plus sereins pour livrer leur explication sur la construction du contrat aux enquêteurs du PNF, plutôt qu'à ceux de la commission d'enquête du Sénat.
Parce que les enquêteurs du PNF ne sont pas les seuls à s’intéresser à la création de la société commerciale de la LFP et à l'accord conclu avec CVC.
Une commission d'enquête du Sénat s'est également interrogée depuis avril 2024 sur les contours du contrat signé en 2022 entre la Ligue et CVC.
Elle a revu le périmètre de ses investigations pour ne pas empiéter sur le travail du Parquet national financier (PNF), en requalifiant plus généralement son enquête sur l'intervention des fonds d'investissement dans le football professionnel français.
Après plus d'une soixantaine d'auditions d'acteurs du football français et un contrôle effectué jusque dans les locaux de la Ligue de football professionnel, les sénateurs Laurent Lafon, président de cette commission, et Michel Savin, rapporteur, ont rendu le 30 octobre un rapport de 130 pages, au vitriol, prônant des réformes drastiques dans la répartition des revenus entre clubs ou le salaire des dirigeants.
Ciblant particulièrement le contrat liant la Ligue à CVC, les deux sénateurs préconisent, pour éviter les conflits d'intérêt et renforcer le contrôle démocratique de ces contrats, d'"opérer une distinction nette entre les activités des ligues professionnelles et celles de leurs sociétés commerciales en séparant clairement la ligue de sa filiale".
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