La Conférence des évêques de France (CEF) a présenté vendredi un "processus" d'écoute et d'accompagnement des victimes majeures de violences sexuelles, organisé au niveau des diocèses, où l'hypothèse d'une réparation financière n'est évoquée qu'"au cas par cas".
Pour les avocats et collectifs signataires de la tribune, dont Agir pour notre Église, Fraternités Victimes et Foi et Résilience, "la lecture du document laisse une impression d’amateurisme".
D'abord parce que les victimes majeures, "en majorité sous l’emprise de leur agresseur au moment de faits", relèvent selon les signataires, des personnes vulnérables. Or "il n’y a malheureusement pas d’engagement des évêques à prendre en charge leurs frais médico-psychologiques".
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Un engagement dans la prévention exigée à l'Église
De plus, "en résumant le sujet à la responsabilité individuelle de l’agresseur, l’épiscopat écarte les enjeux culturels" des violences, ajoutent les signataires, selon qui "les abus sexuels continueront aussi longtemps que l’Église ne s’engagera pas plus activement dans la prévention".
Ils estiment aussi que "les évêques devront assumer la mise en cause de leur responsabilité personnelle" du fait qu'ils dénient "toute responsabilité institutionnelle dans les abus".
Enfin le texte pointe le recours évoqué, en cas d’échec de l'accompagnement, à une "médiation", en rappelant que la loi l'interdit dans les cas de violences conjugales. "Cette proposition témoigne d’une totale incompréhension du mécanisme des abus", ajoute-t-il.
La CEF aurait plutôt pu, selon les signataires, "élargir et pérenniser le champ de compétences de l’Inirr" (Instance nationale de réparation, dispositif concernant les victimes mineures) pour offrir aux victimes d’agresseurs décédés "une procédure de réparation et d’indemnisation soumise à l’aval de chaque évêque concerné".
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