Dans son réquisitoire, l'avocat général Pierre Aurignac a décrit une "sujétion psychologique et physique", un mécanisme d'"emprise", d'"ascendance" de l'accusé, un Franco-suisse de 44 ans, sur des membres de la communauté, installée dans un village des Pyrénées et une "dérive sectaire".
"Il a non seulement profité de la vulnérabilité préexistante, mais il a créé, entretenu, une emprise sur chacune" de ses victimes, "il doit être condamné pour les viols" de deux membres de la communauté, a-t-il dit aux juges de la cour criminelle.
À la fin des années 2000, Olivier Freyre, âgé de 28 ans, passé par la banque Rothschild avant de se lancer dans une quête spirituelle, sa compagne et plusieurs proches s'étaient installés à Ganties, petite commune rurale de Haute-Garonne pour fonder "L'Espoir", une communauté d'inspiration protestante dissoute en 2016.
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"Un loup déguisé en agneau"
L'association "L'Espoir", qui a compté 80 à 90 membres à son apogée, avait justifié son auto-dissolution, dans un communiqué repris à l'époque dans le quotidien La Croix, mettant en cause Olivier Freyre "fondateur et prédicateur de cette mission" qui "s'est malheureusement avéré être un loup déguisé en agneau".
Durant le procès, qui a débuté le 17 janvier, Olivier Freyre, leader charismatique qui était appelé "l'apôtre", a nié les viols, affirmant que les relations sexuelles qu'il a eues avec des femmes de la communauté étaient librement consenties.
Puis il a cherché à convaincre qu'il avait changé. "Aujourd'hui, je travaille dans le sport santé avec ma femme qui est conseillère en nutrition. Je ne veux plus jamais mettre un pied en prison. Je veux rester auprès de mes enfants". La religion? "Je ne suis plus là-dedans".
"Le système mis en place par M. Freyre est pervers et ne permet pas l'opposition", a plaidé Jasmine Medjebeur, représentant les femmes qui l'ont accusé de viol. "M. Freyre s'est immiscé au plus profond de l'intimité des membres de la communauté", "c'est un prophète autoproclamé. Un berger qui garde ses brebis."
Corine Cabalet, autre avocate de la partie civile, pointe ses victimes, "au parcours accidenté", représentaient des "proies idéales pour un leader".
"Il ne les a pas violées", martèle l'avocate d'Olivier Freyre, Sarah Nabet-Claverie, mettant en avant "les lettres d'amour" que ses "victimes présumées" lui écrivaient, l'appelant "mon prince".
L'autre avocat de la défense, Alexandre Parra-Bruguière, critique le travail des enquêteurs, juge la peine requise disproportionnée et souligne "le chagrin, les remords, la pénitance" exprimés devant la cour par un accusé "touchant de sincérité".
L'épouse d'Olivier Freyre et mère de leurs six enfants a minimisé dès l’ouverture du procès le rôle de M. Freyre dans les dérives au sein de la communauté, même si elle a admis que ses prêches étaient parfois "trop durs, trop radicaux". Aux accusations de viols, elle répond "relations adultérines" consenties.
M. Freyre, désormais coach sportif dans la Drôme, comparait libre. Après un peu plus d'un an de détention, il a été libéré sous contrôle judiciaire.
Le délibéré de la cour criminelle de la Haute-Garonne est attendu vendredi après-midi.
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