En l'absence de loi, de nombreuses collectivités ont mis en place depuis 2023 des congés pour leurs agentes souffrant de règles douloureuses mais certaines de ces décisions ont été contestées devant la justice administrative, soulevant des interrogations sur la pérennité de ce dispositif.
"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'un certain nombre de femmes, du fait des douleurs spécifiques qu'elles ont", soient confrontées à "une forme d'incapacité de travail ou de difficultés à pouvoir travailler à certaines périodes du mois", a déclaré Aurore Bergé lors d'une audition au Sénat.
"Je ne voudrais pas que cela se retourne contre les femmes"
"Sur le principe (du congé menstruel, ndlr), je souhaite évidemment qu'on avance mais je suis attentive (...), je ne voudrais pas que cela se retourne contre les femmes", a-t-elle ajouté devant la délégation aux droits des femmes.
Aurore Bergé a notamment évoqué le potentiel risque que les femmes ayant recours au congé menstruel se le voient ensuite "opposer de manière insidieuse" lors de propositions de mobilité ou d'évolution professionnelle.
"Il y a un enjeu de confidentialité" et également "de femmes qui n'oseront pas se déclarer", a-t-elle souligné. "On est en train de regarder s'il y a d'autres leviers qui nous permettraient de pouvoir" mettre en place ce congé "sans que cela puisse créer des discriminations".
L'adoption d'un congé menstruel en Espagne à l'échelle nationale en février 2023 a conduit plusieurs communes et collectivités territoriales françaises à franchir le pas.
Mais sur le terrain, la mise en place de ce dispositif est parfois contestée. En janvier, la préfète de l'Isère a ainsi saisi la justice administrative, estimant que le cadre légal en vigueur n'ouvrait pas le droit au bénéfice d'une "autorisation spéciale d'absence (ASA) pour raison de santé".
Dans les universités, le congé menstruel commence à faire son chemin. En janvier, onze universités sur 72 l'avaient mis en place, dans la plupart des cas sans justificatif à envoyer à l'administration.