La question revient cette semaine au coeur des discussions au Conseil de Paris, où sera soumis au vote mercredi le plan local d'urbanisme (PLU) qui dessine l'avenir de la ville dirigée par la maire socialiste Anne Hidalgo.
Paris, une capitale invivable ?
Son ambition : faire que Paris reste vivable à l'horizon 2035-2040 en l'adaptant au réchauffement climatique, et où il soit encore possible de se loger, afin de freiner les départs des classes moyennes et des familles.
Depuis une dizaine d'années, 10.000 habitants en moyenne quittent chaque année la capitale qui compte aujourd'hui près de 2,1 millions d'habitants intra-muros - environ 140.000 de moins qu'en 2013, selon les chiffres de l'Insee.
Pour la droite parisienne, cette "fuite" signe en partie le désaveu d'un "urbanisme invivable" par trop de "bétonisation". "On ne respire plus à Paris. Sur ces vingt dernières années, trois millions de mètres carrés supplémentaires ont été crées dans l'une des villes les plus denses au monde", fustige Pierre-Yves Bournazel (Horizons), du premier groupe d'opposition (Union Capitale) au Conseil de Paris.
Une "surdensification" critiquée aussi par David Alphand, co-président avec Rachida Dati du groupe "Changer Paris". La droite craint par exemple que les surélévations d'immeubles prévues par le PLU créent des "rues canyon" bloquant la circulation de l'air.
Autre grief : une politique du logement pénalisante à leurs yeux pour les familles des classes intermédiaires, du fait d'un "déséquilibre" croissant entre logement social et logement privé.
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Baisse continue
L'exécutif municipal répond qu'au contraire, "jamais la ville n'aura autant investi" dans le logement, une "bonne nouvelle pour les Parisiens qui ont besoin de plus de logement social et abordable", selon le sénateur Ian Brossat, co-président du groupe communiste.
La baisse de la population est continue depuis l'après-guerre. "Une tendance de fond longtemps liée à une amélioration des conditions de logement", explique à l'AFP le géographe Martin Omhovère de l'Institut Paris Région.
"Avec l'augmentation du confort, les logements pas chers et surpeuplés ont été remplacés par des logements plus grands et plus chers", résume Jean-Christophe François, maître de conférence à l'Université Paris Cité.
Beaucoup de petits logements où s'entassaient les familles ont fusionné, entraînant une "dédensification" de l'habitat. A la faveur des rénovations d'après-guerre, des quartiers comme Belleville (nord-est) sont passés "d'une densité ahurissante à quelque chose de plus raisonnable", décrit le géographe.
"La désaffection des familles pour le centre date de la fin des années 1960 du fait de la hausse des prix des logements", ajoute-t-il.
La baisse démographique s'est accélérée dans les années 2010. Une conséquence de la chute de la natalité au niveau national ? En partie seulement, car si on regarde à l'échelle de la métropole, "l'Ile-de-France reste dynamique sur le plan naissances", note Martin Omhovère.
L'augmentation des divorces a joué aussi, de même que la crise du Covid, même si "elle n'a fait qu'accélérer la tendance", ajoute Jean-Christophe François.
Pour ces experts, l'hémorragie est principalement due à l'explosion, depuis les années 2010, des logements dits inoccupés (logements vacants, résidences secondaires et meublés touristiques). Un revers de l'attractivité de Paris, comme Londres et New York.
Si le nombre de logements ne cesse de progresser depuis le milieu du XXe siècle, le nombre de résidences principales ne cesse de diminuer, relève l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur).
Ce qui participe à l'augmentation des prix et réduit les logements disponibles à la location "qui permettent traditionnellement l'accueil des nouveaux arrivants", décrypte l'Apur dans son "Atlas de Paris".
"Avec l'arrivée d'Airbnb, on a perdu 26.000 logements dans les arrondissements centraux", a souligné auprès de l'AFP Anne Hidalgo.
Dans la lignée de la réglementation municipale pour encadrer la location de résidences secondaires, le PLU veut interdire la création de nouvelles surfaces dédiées à Airbnb dans les zones les plus touristiques (Montmartre, Le Marais...).
Mais les marges de manoeuvres restent étroites et la mairie attend beaucoup de la législation. Ian Brossat, qui salue les nouvelles mesures de régulation des meublés touristiques, souhaite désormais l'augmentation de la taxe sur les résidences secondaires, "aujourd'hui beaucoup trop faible".
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