Un centre LGBT+ annoncé en Guadeloupe, où la communauté peine à se faire entendre

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La Guadeloupe accueillera prochainement son premier centre destiné à la communauté LGBT+, a annoncé jeudi la ministre Aurore Bergé, alors que la question reste taboue sur l'archipel.
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"L'engagement de l'Etat était qu'un tel centre existe dans chaque département", a mis en avant la ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, lors de l'annonce de sa création au cours de sa visite en Guadeloupe. 

"Ce n'est pas un gadget, c'est un outil utile pour tous ceux qui doutent", a-t-elle ajouté.

Sur place, un travail est mené depuis plus de quatre ans pour "créer une fédération d'association, nommée BI-Fwi (pour Bokantaj Inclusion French West Indies, ndlr) et écrire un tel projet", se félicite Viviane Melyon De France, présidente de l'association Amalgame Humanis.

Dédiée à l'inclusion sociale, cette association est la première à avoir créé un département sur l'accueil, l'écoute et l'accompagnement des personnes LGBT+ sur le territoire.

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"Voix arc-en-ciel"

Depuis 2019, elle gère la ligne téléphonique d'écoute et d'orientation anti-haine LGBT "Voix arc-en-ciel". 

"J'ai pris des coups sur ce projet", raconte Mme Melyon De France dont l'association a perdu "80% de ses adhérents" lors de la mise en place de la ligne qui reçoit désormais plus de 700 appels annuels, selon les membres de l'association.

Sous l'impulsion de l'Etat, Amalgame Humanis a depuis répondu à une demande d'audit sur les réalités de terrain. 

Avec un constat principal: en Guadeloupe, les violences à l'encontre des personnes LGBT+ ne sont pas physiques, mais "psychologiques, verbales et religieuses", explique Maëlys Actry, membre de l'association.

"L'homophobie est très intrafamiliale", renchérit Mme Melyon De France, même si "les enfants ne sont pas jetés dehors, car en Guadeloupe, on reste loin du regard d'autrui" quitte à leur "mener la vie dure" à coup de "prières, bains, jusqu'à l'exorcisme parfois". 

Toutefois, les membres de l'association disent noter une évolution positive des mentalités.

Le centre, dont le lieu d'installation n'a pas encore été trouvé, bénéficiera de 70.000 euros de financements annuels de l'Etat pour "des actions ou des salariés". 

"Nous estimons que la création d'un tel centre nécessite 300.000 euros", note toutefois Prisca Melyon-Reinette, membre d'Amalgame Humanis.

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