Crédit : @galiasalimo

Galia Salimo, première femme transgenre française à l'affiche des "Monologues du vagin"

"Je suis une femme comme les autres et je vais réaliser l'un de mes rêves les plus fous!" Galia Salimo, artiste de music-hall, est la première transgenre française à interpréter "Les Monologues du vagin", manifeste féministe culte de retour à l'affiche à Paris.
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Créée à Broadway en 1996 avant un succès international, cette pièce d'Eve Ensler, dramaturge et féministe américaine, regroupe des témoignages de femmes de tous âges, origines et conditions, évoquant tour à tour "les persécutions, le bonheur d'être une femme, la joie d'être amante, la fierté d'être mère". 

Elle est régulièrement jouée en France par des personnalités du spectacle et de la politique. En 2018, Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, et les deux ex-ministres Roselyne Bachelot et Myriam El Khomri ont fait une lecture de la pièce au profit du Collectif féministe contre le viol.

"J'ai toujours pensé que ce serait extraordinaire qu'une fille comme moi joue 'Les Monologues du vagin'. Je vais réaliser l'un de mes rêves les plus fous !", confie à l'AFP Galia Salimo, figure des nuits parisiennes, née garçon dans les années cinquante et qui a raconté sa transition dans un livre paru en 2017 ("Quand j'étais petit garçon", Plon).

Avant elle, les meneuses de revue Coccinelle et Bambi (Marie-Pierre Pruvot) et la chanteuse Marie France ont été les premières femmes transgenres médiatisées en France pour avoir partagé aussi leur parcours de transition.

Récemment au générique de la série "Ca c'est Paris!", après des années dans les cabarets parisiens (Carrousel, Madame Arthur, Alcazar...), Galia Salimo a "longtemps pensé que, pour vivre heureux, il fallait vivre caché mais, au bout de (son) long parcours de vie, (a) décidé qu'il était temps de transmettre en se montrant au grand jour".

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"Droit à l'indifférence"


Il y a quelques années, Eve Ensler a décidé d'enrichir ses "Monologues" par des témoignages de femmes transgenres afin de donner la parole "à toutes les femmes sans exception".

"Sur scène, mon personnage aborde le fait que la société a encore du mal à accepter les +transsexuelles+. On vous octroie un sexe le jour de votre naissance mais cela peut ne rien à voir avec ce que vous êtes", témoigne la comédienne.

"Je ne demande pas le droit à la différence mais le droit à l'indifférence, être considérée comme tout le monde", assure Galia Salimo, qui a fait aussi les grandes heures du "Queen", ancienne discothèque parisienne. 

"Je veux vivre ma vie comme je l'entends, sans bannière, sans gêner qui que ce soit. Les personnes +transsexuelles+ existent. On peut en rencontrer n'importe où", souligne-t-elle. "On demande à exister, simplement! On n'a pas besoin de savoir ce qui se passe dans ma culotte!"

"Dans les années 70, on était des pionnières, on ne pouvait pas se promener dans la rue en jupe", se rappelle-t-elle. "Les droits ne sont jamais vraiment acquis..."

Galia Salimo met en garde sur la façon et le moment d'aborder la transition de genre: "il ne faut pas brusquer le mouvement. Il faut laisser l'enfant se construire. Il y a un temps où il faut rester dans le flou. Ce n'est qu'à l'adolescence qu'on peut se poser les bonnes questions", estime-t-elle, admettant cependant qu'elle a su "dès l'âge de quatre ans qu'(elle) était en fait une fille".

A quelques jours de la reprise des "Monologues du vagin" au Studio Marigny les 14 et 15 février, dans une mise en scène d'Aurore Auteuil, l'artiste est "morte de trac, dans un mélange de peur, de joie et de fierté pour elle et toutes ses 'soeurs'".

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