Crédit : Pexels

Église d'Angleterre : des femmes évêques en tête du combat contre les violences sexuelles

Au sein de l'Eglise d'Angleterre plongée dans la crise en raison de plusieurs affaires de violences sexuelles, des femmes évêques sont en première ligne pour demander des comptes aux responsables et réclamer des règles plus strictes pour protéger les victimes. 
À voir également sur Brut

L'Eglise d'Angleterre, église-mère de la "communion anglicane" au niveau mondial, était réunie cette semaine en synode général, avec au menu des discussions sur la réponse à apporter aux cas d'agressions sexuelles.

Mais cet organe élu, composé de près de 500 membres, a écarté mardi l'instauration d'un processus totalement indépendant pour traiter les plaintes. 

"Nous avons raté l'occasion de dire aujourd'hui aux victimes et aux survivants, de manière univoque, que nous entendons leurs inquiétudes", a déploré l'évêque Joanne Grenfell, en charge de la politique de protection et de sauvegarde au sein de l'Eglise d'Angleterre, qui prônait des règles plus strictes. 

Ces derniers mois, une autre évêque, Helen-Ann Hartley, s'est illustrée par sa détermination à réclamer la démission du chef de l'Eglise d'Angleterre, Justin Welby. Mis en cause pour sa gestion d'un scandale de violences physiques et sexuelles commises contre 130 garçons et jeunes hommes par un avocat lié à l'institution, il a été contraint au départ en janvier.

Pédocriminalité dans l'Église : publication du premier rapport du Vatican sur la protection des mineurs


"Différence importante"

Les femmes représentent désormais environ un tiers des 108 évêques de l'Eglise d'Angleterre, née de la rupture du roi Henry VIII avec Rome en 1534.

Pour Jayne Ozanne, ancienne membre du synode et militante LGBTQ, la présence de femmes dans l'épiscopat représente incontestablement "une différence importante".

"Mon expérience personnelle me fait constater que les femmes évêques font preuve de beaucoup plus d'empathie pour les personnes abimées par l'Eglise et sont conscientes de la façon dont les structures de pouvoir de l'Eglise peuvent opprimer les gens", a-t-elle déclaré à l'AFP. 

L'évêque Helen-Ann Hartley est aussi l'une des voix les plus critiques à l'encontre du successeur de Justin Welby, Stephen Cottrell, qui a pris le 6 janvier temporairement la tête de l'Eglise.

Stephen Cottrell est contesté pour avoir maintenu en poste un prêtre qui s'était vu interdire par l'institution de se retrouver seul avec des enfants après plusieurs cas d'agressions sexuelles.

Rose Hudson-Wilkin, une évêque noire qui est née et a grandi en Jamaïque, mène quant à elle un combat contre le racisme qui "existe toujours" selon elle au sein de l'Eglise. "Nous ne nous tairons pas, et je ne me tairai pas", disait-elle en décembre au Guardian.

L'Eglise d'Angleterre a ouvert ses portes aux femmes évêques en 2014, et aux femmes prêtres au début des années 90. Ces dernières représentent un tiers des prêtres désormais. 

Et il y a aujourd'hui plus de femmes qui se forment pour la prêtrise que d'hommes, selon l'Église. 

"Il faudra quelques années avant qu'elles ne deviennent majoritaires -- mais cela arrivera à un moment donné", estime Ralph Norman, de l'Université Christ Church de Canterbury, dans le sud-est de l'Angleterre. 

Joanne Grenfell est plus sceptique. "Il y a encore beaucoup plus d'évêques hommes que d'évêques femmes (...) Je pense qu'il y a encore du chemin à parcourir", dit-elle à l'AFP.

Pour Helen King, membre laïc du synode général, les femmes évêques et prêtres ont été au premier rang dans les débats publics sur les accusations de violences sexuelles, et ce d'une manière sans précédent.

Cela a contribué à faire des mesures de protection et de l'opposition à Stephen Cottrell "le grand sujet" du synode.

"Il y a aussi beaucoup d'hommes qui soutiennent ce travail, ce ne sont donc pas seulement des femmes", tempère Joanne Grenfell.

"Mais je pense que les femmes ont déjà été confrontées à la question du type de culture dans laquelle nous vivons, c'est pourquoi il y a une profonde inquiétude sur la gestion du pouvoir", explique-t-elle.

"Un grand malade mental" : les archives de l'Église lèvent le voile sur l'abbé Pierre

A voir aussi