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Italie : premier rapport sur des agressions sexuelles par des prêtres

Une soixantaine d'agressions sexuelles commises par des prêtres depuis 1964 ont été mises au jour par une enquête menée dans une région du nord de l'Italie, présentée comme la première étude indépendante sur ce sujet dans la péninsule.
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Au total, 59 victimes ont été recensées sur cette période au sein de l'Eglise catholique dans le Haut-Adige, une petite région autonome également dénommée Sud-Tyrol située près de la frontière avec l'Autriche, selon ce rapport commandé par le diocèse de Bolzano-Bressanone et rendu public lundi.

L'enquête dans cette région bilingue (allemand et italien), menée par un cabinet d'avocats de Munich, Westpfahl-Spilker-Wastl, a aussi permis de déterminer que 51 % des victimes étaient de sexe féminin et que 29 religieux avaient été impliqués dans 67 agressions sexuelles.

"Chaque affaire d'agression est une affaire de trop", a commenté l'évêque de Bolzano-Bressanone, Ivo Muser, dans un communiqué. "Mon espoir (...) est que ce soit le premier pas sur un chemin qui fasse de l'Eglise un lieu sûr pour les enfants, les jeunes et les adultes vulnérables". 

Selon les auteurs du rapport, "il s'agit à ce stade du seul projet visant à reconstituer et examiner de manière complètement indépendante les affaires d'agression sexuelle" dans l'Eglise italienne. "Ces chiffres montrent que par le passé (...) le traitement des affaires d'agressions sexuelles a été un échec généralisé' caractérisé par l'incapacité des dirigeants religieux à "prendre la mesure de la douleur endurée par les personnes impliquées".

Par exemple, un prêtre impliqué n'a été démis de ses fonctions qu'en 2010 alors que ses agressions sur des fillettes avaient été découvertes dès les années 1960.

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Le scandale international de pédocriminalité au sein de l'Eglise catholique a entraîné des enquêtes aux Etats-Unis, en Europe et en Australie, démontrant l'ampleur du problème.

Mais la péninsule, où se trouve le Vatican et où l'Eglise catholique est encore très influente, n'a pas entrepris un travail similaire au niveau national.

Le cabinet Westpfahl-Spilker-Wastl avait déjà établi un rapport sur l'archevêché de Munich-Freising publié en 2022, selon lequel au moins 497 enfants ont été agressés entre 1945 et 2019.

En dépit des efforts de l'Eglise catholique, les victimes à travers le monde continuent à déplorer que le clergé ne soit pas obligé de dénoncer d'éventuels crimes auprès de la justice civile, sauf si les lois du pays l'y obligent. Le secret de la confession demeure en outre absolu.

S'il est le pape ayant le plus agi contre ce fléau, François n'en a pourtant jamais reconnu les causes systémiques, c'est-à-dire inhérentes à l'Eglise.

Il s'est aussi montré très distant avec le rapport choc de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) publié en 2021 en France, dont il n'a jamais reçu les membres, appelant à la "prudence" face aux chiffres de 330.000 personnes agressées au sein de l'Eglise lorsqu'elles étaient mineures de 1950 à 2020.

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