Les faits datent de février 2025. Selon les informations de la BBC, trois semaines avant sa mort, Lina s’était rendue au commissariat de Benalmádena, une station balnéaire espagnole, pour signaler les violences de son ex-conjoint, qui est aussi le père de ses enfants. Elle disait avoir peur et craindre pour sa sécurité et celle de sa famille. Ce jour-là, l’homme l’avait menacée chez elle et avait levé la main comme pour la frapper.
Un outil numérique censé prévenir les drames
Son témoignage avait été enregistré dans VioGén, un outil utilisé par la police, qui évalue la probabilité qu'une femme soit à nouveau agressée par le même homme
Cet algorithme pose 35 questions sur l'abus et son intensité, l'accès de l'agresseur aux armes, sa santé mentale et si la femme a quitté ou envisage de quitter la relation. Il enregistre ensuite la menace qui pèse sur elle comme étant “négligeable”, “faible”, “moyenne”, “élevée” ou “extrême”.
Violences conjugales: 271.000 victimes enregistrées en 2023, +10% sur un an
VioGén avait classé Lina comme présentant un risque "moyen". À ce niveau, une femme doit normalement être recontactée dans les 30 jours. Mais Lina est morte avant.
Une protection refusée
Elle avait aussi demandé une ordonnance de protection auprès d'un tribunal spécialisé dans les violences sexistes à Malaga, qui l’a refusée. Lina voulait changer les serrures de chez elle pour vivre en paix avec ses enfants.
Mais trois semaines plus tard, son ex-compagnon serait entré avec sa clé, et la maison a pris feu. Toute la famille a survécu, sauf Lina. Son fils de 11 ans aurait affirmé à la police que c’est son père qui avait tué sa mère. Le corps calciné de Lina a été retrouvé dans l'appartement. L'homme, père de ses trois plus jeunes enfants, a été arrêté.
Ils aident les femmes victimes de violences conjugales à déménager en urgence
Un algorithme remis en question
Le drame relance les critiques autour de VioGén. Contrairement à d'autres pays qui utilisent des grilles d’évaluation, l’Espagne mise fortement sur cet algorithme pour décider du niveau de protection à offrir aux victimes. Mais dans le cas de Lina, la machine n’a pas vu venir le danger.
La cheffe de l'unité des familles et des femmes de la police nationale de Malaga, Isabel Espejo, défend le système, tout en admettant que quelque chose a mal tourné. Elle rappelle que seul l’agresseur est responsable. “Je ne vais pas dire que VioGén n’échoue jamais. Mais ce n'est pas ce qui a déclenché le meurtre de cette femme. Le seul coupable est celui qui a tué Lina. La sécurité absolue n'existe tout simplement pas”, dit-elle.