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En Guinée-Bissau, un député de l’opposition a été arrêté en pleine cérémonie rituelle

Il est accusé de maraboutisme dans le but de faire aboutir un éventuel coup d’État.
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Lundi 17 février, Flávio Baticã Ferreira, député de l’opposition au président, a été interpellé par des hommes encagoulés alors qu'il participait à un rituel animiste à Pitche, une ville de l'est du pays, près de la frontière avec Conakry.

Le député et les deux marabouts avec lesquels il pratiquait un sacrifice de bœuf ont été arrêtés et conduits dans les locaux du ministère de l’Intérieur, où ils ont été détenus.

"Le député a été pris la main dans le sac, en pleine cérémonie. Toute la cérémonie a été filmée par les agents qui ont procédé à son arrestation", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'État José Carlos Macedo Monteiro.

Un coup d'Etat en préparation ?

Pour les autorités, le député était en train d’accomplir ce rituel afin de s’assurer de la réussite d’un projet de coup d'État en préparation.

"Des rumeurs de coup d'État circulent. Ceux qui veulent les intenter organisent des cérémonies mystiques et font des sacrifices pour leur réussite", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire.

Suite à son arrestation, son parti ainsi que la Ligue bissau-guinéenne des droits de l’homme ont produit des communiqués pour exiger sa libération.

“Organiser des cérémonies traditionnelles n'est pas un délit en Guinée-Bissau. Il n'existe aucune loi qui qualifie cela de délit”, a déclaré à RFI Bubacar Turé, président de la Ligue guinéenne des droits de l'homme, avant d’ajouter : “La véritable raison [de l'arrestation] est liée à la persécution politique. Nous sommes face à un régime autoritaire, hostile aux libertés fondamentales et aux voix dissidentes.”

Flávio Baticã Ferreira a finalement été libéré le jeudi 20 février au soir.

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Une pratique normale en Guinée-Bissau

"J'ai été interrogé sur les raisons de ma présence dans cette région, ainsi que sur une éventuelle action de subversion. Le plus lamentable est que j'ai été empêché de voir mon avocat", a-t-il déclaré à sa sortie.

Interrogé sur le rituel auquel il participait lors de son arrestation, il a répondu : "J'avais une affaire à régler et j'ai procédé à des cérémonies pour que les choses se débloquent. C'est une pratique normale en Guinée-Bissau."

Cette situation survient dans un contexte politique tendu en Guinée-Bissau, où l’opposition prête au président Umaro Sissoco Embaló des intentions de vouloir se maintenir au pouvoir.

En effet, la date de la fin de mandat du président Umaro Sissoco Embaló fait débat. L'opposition considère que ce mandat doit s'achever le 27 février 2025 parce qu’il a prêté serment en février 2020. De son côté, la Cour suprême a indiqué que le président Embaló terminerait son mandat le 4 septembre, ce qui est contesté par le chef de l'opposition et ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira.

Déjà en décembre 2023, le président Umaro Sissoco Embaló a pris un décret pour dissoudre le Parlement, dans lequel l’opposition est majoritaire depuis les législatives de juin 2023.

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