Quelles sont les forces en présence ?
Plusieurs forces sont engagées dans le conflit actuel qui secoue l’est de la République démocratique du Congo.
Tout d’abord, on trouve l’assaillant : le M23, avec ses alliés de l’armée rwandaise régulière. On parle d’un effectif de 3000 à 4000 soldats de l’armée rwandaise qui combattent aux côtés des rebelles du M23 et tentent depuis quelques jours de prendre Goma, la capitale de la province.
En face, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) tentent de défendre la souveraineté nationale. Pour ce faire, les FARDC se sont alliées avec des groupes armés locaux. On estime à plus de 150 le nombre de milices actives dans la zone.
Celles qui ont accepté de combattre aux côtés de l’armée sont appelées Wasalendo (patriotes en swahili).
Enfin, des forces d'interposition, dont la mission est de protéger les civils, sont également présentes, notamment la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et les Forces de l'EACRF (Force régionale de la Communauté de l'Afrique de l'Est), déployées pour stabiliser la région.
Pourquoi Goma est-elle au cœur de la crise ?
Goma, capitale du Nord-Kivu, est stratégiquement située dans une région riche en ressources minières, notamment en or, coltan et étain. On estime que "la seule région du Kivu abriterait entre 60 % et 80 % des réserves mondiales connues de coltan", essentiel pour l'électronique.
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Cette abondance attire des groupes armés et des intérêts étrangers, exacerbant les tensions. Prendre Goma équivaut à contrôler la zone et ses richesses. D'après un rapport de l'ONU, le M23 exporte désormais 120 tonnes de coltan par mois et les taxes qu'il prélève sur la production lui assurent un revenu d'environ 800 000 dollars mensuels.
Quel rôle joue le Rwanda ?
La République démocratique du Congo (RDC) accuse le Rwanda de soutenir le M23 pour plusieurs raisons. D'abord, des soldats rwandais auraient été vus combattre aux côtés du M23. Des rapports d’experts de l’ONU notamment indiquent un soutien militaire direct, y compris des armes et des munitions.
De plus, le Rwanda a un historique d'intervention dans les affaires congolaises, le M23 étant historiquement une milice composée de soldats rwandophones. Les relations entre la RDC et le Rwanda sont particulièrement tendues : après l'échec des pourparlers de paix, les deux pays ont rappelé leurs diplomates respectifs et le ministre congolais des Affaires étrangères a demandé "des sanctions ciblées" contre les dirigeants rwandais.
Le Rwanda, de son côté, se défend d'interférer dans les affaires congolaises, affirmant que "le M23 est un problème congolais".
Que fait la communauté internationale ?
Depuis le retour des conflits en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs initiatives ont été mises en œuvre pour trouver une issue diplomatique à la crise.
Le processus de Luanda, lancé en 2022, vise à favoriser le dialogue entre les différentes parties en vue d'aboutir à un accord de paix.
Malheureusement, en décembre 2024, une rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame, dans le cadre de ce processus, a été annulée en raison de désaccords.
Cependant, une dizaine d'accords de cessez-le-feu ont été signés dans la région sans être respectés.
Ces derniers jours, avec l'intensification du conflit, l'Union africaine (UA) a réclamé la stricte observance du cessez-le-feu convenu entre les parties fin juillet, tandis que l'Union européenne a demandé au M23 d'arrêter son avancée et a exigé un retrait immédiat du Rwanda.
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Les États-Unis ont exprimé leur volonté d'utiliser "tous les outils disponibles" pour contrer ceux qui alimentent le conflit. Enfin, l'ONU a appelé les Forces rwandaises de défense à cesser leur soutien au M23 et à se retirer du territoire congolais.
Plusieurs États membres, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont également dénoncé le rôle du Rwanda. António Guterres, secrétaire général de l'ONU, a insisté sur la nécessité de ce retrait.
Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la RDC est prévue dans l'après-midi du mardi 28 janvier. Au même moment, la présidence kényane a annoncé la tenue, mercredi 29 janvier, d'un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) consacré à la situation dans l'est de la RDC, elle a invité Félix Tshisekedi et Paul Kagame.