Le ministère des Affaires étrangères se dit dans un communiqué "très préoccupé" par "le postulat de base de ce décret" qui "manque d'exactitude factuelle et ne reconnaît pas l'histoire profonde et douloureuse de l'Afrique du Sud en matière de colonialisme et d'apartheid".
La présidence sud-africaine a réfuté ces derniers jours toute intention de "confisquer des terres".
La grande majorité des terres restent détenues en Afrique du Sud par la minorité blanche, héritage d'une politique d'expropriation de la population noire pendant l'apartheid - qui a pris fin il y a une trentaine d'années - et avant, pendant la colonisation.
"Nous sommes préoccupés par ce qui semble être une campagne de désinformation et de propagande visant à déformer notre grande nation", affirme le ministère. "Il est décevant de constater que de tels récits semblent avoir la faveur des décideurs des États-Unis d'Amérique", ajoute-t-il.
Pretoria juge particulièrement "ironique" que le décret américain prévoie "l'octroi du statut de réfugié aux États-Unis à un groupe de Sud-Africains qui compte parmi les plus privilégiés sur le plan économique" alors que dans le même temps "des personnes vulnérables originaires d'autres régions du monde sont expulsées aux États-Unis et se voient refuser l'asile en dépit de réelles difficultés".
Le décret américain promet spécifiquement de porter assistance à "la minorité ethnique afrikaner", descendants des premiers colons européens, y compris en leur offrant le statu de réfugiés, estimant la récente loi sud-africaine sur l'expropriation discriminatoire à leur égard.
Cette loi "permettra au gouvernement sud-africain de saisir les propriétés agricoles de la minorité ethnique des Afrikaners sans compensation", a dénoncé Donald Trump vendredi dans ce décret ordonnant le gel de tout financement tant que le gouvernement sud-africain continue "ses pratiques injustes et immorales".
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"Afrikaners ou Amerikaners ?
La veille, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait affirmé, lors de son discours annuel à la nation, que son pays ne se laisserait pas "intimider" par les mesures américaines.
La loi promulguée en janvier clarifie le cadre juridique des expropriations, sans nouveauté sur le fond de l'avis de la plupart des juristes. Mais elle cristallise les peurs d'une petite partie de la minorité blanche.
Le texte permet au gouvernement sud-africain, par mesure d'intérêt général, de décider d'expropriations sans compensation dans certaines circonstances exceptionnelles où cela serait "juste et équitable", sans autre précision.
Depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, de nombreux Sud-Africains de toutes les couleurs de peau se sont indignés ou moqués des positions américaines.
"Faut-il désormais les appeler des Amerikaners?", ironisait samedi un internaute noir. "Doit-on s'attendre à ce que des domaines viticoles ou réserves" pour safaris "soient évacués", plaisantait une autre, la plupart appartenant à des familles blanches.
Samedi, la petite organisation Afriforum, destinée à "protéger et promouvoir l'identité Afrikaner", a remercié les Etats-Unis pour leur position, tout en estimant que la place des Sud-Africains blancs était dans leur pays.
AfriForum a exprimé dans un communiqué sa "grande satisfaction à l'égard de Trump et de la reconnaissance par les États-Unis de l'injustice à laquelle les Afrikaners sont soumis". Mais elle dit rester "attachée à l'avenir des Afrikaners", qui ne représentent qu'une partie des moins 7,3% de Sud-Africains blancs recensés en 2022, "à la pointe sud de l'Afrique".
Les échanges entre l'Afrique du Sud et les Etats-Unis ont pris une tournure acerbe cette semaine. Et la présence dans l'équipe du président Trump du milliardaire américain Elon Musk, qui a grandi en Afrique du Sud sous l'apartheid, augure de turbulences pour le premier partenaire commercial des Etats-Unis en Afrique, ont souligné auprès de l'AFP nobre d'experts. Elon Musk a d'ailleurs qualifié la loi sur les expropriations d'"ouvertement racistes".
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