Tunisie : plus de 2.000 manifestants contre le président Saied, qualifié de "dictateur"

Crédit : Pexels
"À bas le tortionnaire du peuple, à bas le régime policier" : plus de 2000 manifestants se sont rassemblés vendredi à Tunis pour protester contre l'incarcération d'un avocat respecté et réclamer le départ du président Kaïs Saïed, qu'ils ont qualifié de "dictateur", selon des journalistes de l'AFP.
À voir également sur Brut

"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé les protestataires, en reprenant le slogan phare de 2011 quand les manifestants avaient fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali après plus de 20 ans de règne. "C'est ton tour O Kaïs dictateur. La révolution arrivera", criaient-ils.

Depuis un coup de force à l'été 2021 du président Saied, les ONG et les opposants ont déploré une régression des droits et libertés dans le pays, berceau du Printemps arabe en 2011.

Camions et tenues anti-émeutes: l'avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale, point où doit s'achever la marche, était entièrement bouclée par d'imposantes forces de police.

"L'État policier, c'est terminé", "Libérez Souab, vous banalisez le terrorisme", ont scandé les manifestants, réunis devant le siège de l'Union des journalistes SNJT, à l'appel du Réseau des droits et libertés. "Remplissez les prisons, magistrature aux ordres", s'époumonaient d'autres militants.

Tunisie : entre 13 et 66 ans de prison pour des opposants jugés pour "complot"

Méga-procès pour "complot"

Ahmed Souab, un ancien juge devenu un ténor du barreau, a été placé en détention jeudi sous l'accusation de formation d'un groupement terroriste pour des déclarations critiquant des pressions sur les juges lors du méga-procès pour "complot" qui s'est terminé samedi dernier.

Des peines très lourdes allant jusqu'à 66 ans de réclusion ont été prononcées ce jour-là contre des figures de l'opposition, avocats et hommes d'affaires.

Des militants brandissaient vendredi un grand portrait du président Saied avec le mot "tyran" écrit en lettres majuscules. D'autres affiches clamaient: "la liberté d'expression est un droit constitutionnel" ou "magistrature marionnette".

Les manifestants, dont beaucoup de jeunes, des avocats, artistes et représentants de la société civile, ont appelé à la libération de "tous les prisonniers politiques", en référence aux dizaines de politiciens, avocats, journalistes et militants des droits humains emprisonnés ces deux dernières années. 

Des familles de condamnés dans le procès pour "complot contre la sûreté de l'Etat", tenu sur trois audiences, sans réquisitoires ni plaidoiries, participaient au cortège.

Après des protestations de Paris et Berlin, le Haut Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a dénoncé jeudi dans ce procès "des violations du droit à un procès équitable suscitant de graves inquiétudes quand aux motivations politiques".

A voir aussi