Crédit : Tomas Cuesta/Getty Images

Javier Milei, visé par plusieurs plaintes, nie avoir "promu" une cryptomonnaie

Le président argentin Javier Milei, visé par plusieurs plaintes après avoir relayé sur X une cryptomonnaie qui s'est ensuite effondrée, a démenti lundi avoir "promu" quoi que ce soit, assurant avoir "agi de bonne foi".
À voir également sur Brut

"Je n'ai pas recommandé, je n'ai pas promu, j'ai diffusé" un message sur une devise numérique, a martelé sur la chaîne TN le président argentin. Il a été accusé de "crypto-arnaque" par l'opposition péroniste (centre-gauche) qui entend déposer au Parlement une procédure menant éventuellement à une destitution.

M. Milei, qui s'est défini sur TN comme "techno-optimiste fanatique", a expliqué avoir voulu donner de la visibilité à un projet susceptible de financer des PME de la tech.

Les transactions puis l'effondrement de la cryptomonnaie vendredi soir "sont un problème entre (personnes) privées", a estimé le chef de l'Etat, affirmant "n'avoir rien à cacher", ni craindre une enquête.

Il a affirmé que les opérateurs -pas plus de 5.000 selon lui, mais "beaucoup de bots"-, qui ont réalisé ce soir-là des transactions sur la cryptomonnaie $LIBRA sont "des traders" misant sur des produits spéculatifs, qui "savaient très bien quel était le risque".

L'ultralibéral Milei, au pouvoir depuis 14 mois, affronte depuis trois jours un épisode délicat de sa présidence. 

Après avoir vendredi soir mis en avant une cryptomonnaie, il s'est rétracté.

Entretemps la $LIBRA avait fait l'objet de dizaines de milliers de transactions, avant de s'effondrer, générant pour une poignée d'opérateurs des gains d'environ 100 millions de dollars, selon des experts.

Argentine : Javier Milei, une année au pouvoir entre insultes, invectives et trolls

Justice saisie

"Si tu vas au casino et que tu perds de l'argent, de quoi tu peux te plaindre si tu savais qu'il y avait ces risques?", a-t-il ironisé sur la chaîne TN.

Selon une des plaintes déposées lundi par une ONG, l'Observatoire du droit de la ville, les opérations autour de la $LIBRA auraient "affecté plus de 40.000 personnes avec des pertes de plus de 4 milliards de dollars".

Une juge fédérale argentine et un procureur ont été chargés de centraliser une vague de plaintes -plus d'une centaine, selon les médias.

Une demande d'enquête a également été transmise au ministère américain de la Justice par un cabinet d'avocats représentant une quarantaine d'investisseurs, "principalement argentins", pour "la fraude massive de type Rug pull (tirage de tapis, NDLR), commise sur plusieurs juridictions, et ayant aussi affecté des Américains", selon la missive.

La présidence argentine a annoncé samedi saisir le Bureau anticorruption pour identifier une éventuelle "conduite inappropriée d'un membre du gouvernement, y compris le président".

Tout en assurant que M. Milei "n'a en aucun cas participé au développement" de la $LIBRA, la présidence a aussi annoncé une enquête distincte sur le lancement de cette cryptomonnaie "et toutes les sociétés ou personnes impliquées".

Destitution improbable


M. Milei a toutefois reconnu lundi soir avoir pris "une gifle" avec l'épisode $LIBRA, et retenu une "leçon intéressante": il devra à l'avenir "élever les murs" autour de lui, a-t-il dit, pour ne plus être aussi facilement accessible, référence apparente aux entrepreneurs de la high-tech derrière le projet $LIBRA.

Sur le plan politique, une procédure en vue d'une éventuelle destitution paraît hautement improbable: son lancement requerrait une majorité des deux tiers de la Chambre basse. "Zéro chance", a estimé pour l'AFP le politologue Carlos Germano.

D'ores et déjà, le PRO (droite) de l'ex-président Mauricio Macri (2015-2019), troisième force au Parlement et allié du parti de M. Milei, s'est dit "pas favorable à une destitution". D'autres partis ont plutôt réclamé une commission d'enquête parlementaire.

En termes d'image, l'impact est plus incertain. "La société continue de soutenir le président sur son thème central de lutte contre l'inflation", au plus bas depuis quatre ans, analyse M. Germano. Pour autant, l'affaire "affecte sa crédibilité (...), a ouvert une brèche".

Signe d'une certaine nervosité, la Bourse de Buenos Aires a clôturé lundi en baisse de 5,58 %, avec jusqu'à 8% de recul pour certaines actions.

M. Milei doit se rendre mercredi soir aux Etats-Unis, avait indiqué la présidence vendredi dernier, voyage coïncidant avec la grand-messe des conservateurs américains CPAC à Washington, du 19 au 22 février. Mais sans à ce stade de précision sur son programme.

A voir aussi