En Corée du Sud, des manifestations contre les deepfakes pornographiques après un scandale touchant plusieurs écoles

Une enquête a été ouverte contre Telegram après la découverte de groupes privés où plus de 200 000 hommes échangeaient des photos et vidéos de jeunes Sud-Coréennes.
Crédit : Chung Sung-Jun/ Getty Images

En Corée du Sud, depuis des semaines, des femmes manifestent contre les deepfakes pornographiques après un scandale qui touche plusieurs écoles du pays.

Début septembre, une enquête a été ouverte contre Telegram après la découverte de groupes privés où plus de 200 000 hommes échangeaient des photos et vidéos de jeunes Sud-Coréennes. Ces photos sont modifiées par intelligence artificielle et leurs visages superposés à des corps dans des poses sexuellement explicites.

Ce sont des montages que l’on appelle les deepfakes.  Et les personnes visées sont des étudiantes, mais aussi des lycéennes et collégiennes, dans plus de 500 universités et écoles. Une grande partie des auteurs présumés sont eux-mêmes des adolescents.

Le process : des personnes de l’entourage des victimes, des gens dans leur classe par exemple, prennent des photos et vidéos d’elles sans leur consentement, les envoient sur des chaînes Telegram, où ces images vont être partagées pour générer des contenus pornographiques.

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Des groupes de K-pop aussi visés

Parfois, certaines chaînes vont même être “dédiées” à une seule étudiante, nommées par exemple : “Dégradation de Kim ***” , comme le révèle le média coréen Hankyoreh.

Une étudiante de 24 ans a déclaré : “C’est impossible de savoir où ces photos sont partagées, et à quel point elles ont été partagées, c’est vraiment déprimant.” Ces deepfakes visaient aussi les jeunes femmes de plusieurs groupes de K-pop.

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Les autorités accusées

Depuis, dans le pays, les signalements se multiplient. Des jeunes femmes ont retiré leurs photos des réseaux ou bien désactivé leurs comptes, par peur d’être visées. Plusieurs manifestations ont été organisées dans le pays, mais aussi dans d’autres villes du monde, pour protester contre ces deepfakes.

Et surtout, des militantes accusent les autorités d’avoir laissé ces abus sexuels sur Telegram durer depuis trop longtemps. En 2019 déjà, un premier scandale avait révélé l’existence d’un réseau criminel d’exploitation sexuelle, la “Nth Room”.

Les autorités sud-coréennes ont, elles, annoncé avoir ouvert une enquête directement contre la messagerie Telegram. Une commission parlementaire va être mise en place pour établir un nouveau texte de loi. Actuellement, en Corée, une personne qui produit des des deepfakes risque jusqu’à cinq ans de prison ou une amende de 50 millions de won, soit près de 40 000 euros. Et en France, le “deepfake”, aussi appelé “hypertrucage”, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende.

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