La multiplication des cas de grippe aviaire dans les élevages aux États-Unis a décimé l'offre et transformé les œufs en symbole d'une inflation qui ne laisse pas de répit aux Américains.
Pour éviter que le virus ne se disperse, plus de 30 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis le début de l'année.
La perte de leur production se traduit par des étals déserts et des prix élevés, sachant que reconstituer une population de poules pondeuses prend du temps.
Il faut attendre environ 18 semaines après l'éclosion pour qu'une femelle soit capable de pondre son premier œuf.
La Maison Blanche a vanté cette semaine un franc recul du prix des œufs sur le marché de gros - le ministère de l'Agriculture l'expliquant par une accalmie de la grippe aviaire et un reflux de la demande, rebutée par le niveau des prix.
Mais cette baisse ne s'est pas encore matérialisée sur les étiquettes des supermarchés et la situation reste tendue à l'approche des congés de Pâques qui coïncident généralement avec une forte consommation.
Les États-Unis cherchent donc à accroître l'offre en négociant des volumes supplémentaires par-delà les frontières.
"Pour l'instant, nous allons importer des œufs de Turquie et de Corée du Sud", a expliqué vendredi à la presse la ministre de l'Agriculture Brooke Rollins.
"Hier encore [jeudi], j'ai parlé à une poignée d'autres pays dont nous pourrons bientôt importer la production. Nous n'avons pas encore signé d'accord, donc je préfère ne pas donner leur nom", a-t-elle ajouté.
"Nous parlons de centaines de millions d'œufs à court terme... C'est assez pour aider à faire baisser davantage les prix en attendant que notre population de poules soit reconstituée", a estimé Mme Rollins.
La ministre a espéré que la production nationale puisse couvrir l'essentiel des besoins "d'ici quelques mois".
Dans un communiqué, son ministère s'est par ailleurs montré satisfait devant un recul des exportations américaines, estimant que "garder plus d'oeufs sur le marché intérieur aide à stabiliser les prix".
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Les Européens aussi sollicités
La volonté de Washington de sécuriser de nouveaux approvisionnements coïncide avec une période de grande tension sur le plan commercial.
Depuis son investiture en janvier, le président Donald Trump a mis en place de nouveaux droits de douane et en promet d'autres pour privilégier la production nationale.
Canada, Mexique, Chine, Union européenne... La liste des pays visés est longue.
L'an dernier, le premier fournisseur extérieur d'œufs des États-Unis était de loin le Canada, suivi du Royaume-Uni, de la Chine puis de la Turquie.
La Corée du Sud arrivait en 23e position.
Plusieurs associations européennes de producteurs d'œufs ont rapporté vendredi avoir été approchées par les États-Unis pour y exporter des œufs.
"Dès le mois de février, l'ambassade américaine à Varsovie a demandé à notre organisation si la Pologne serait intéressée par l'envoi d'œufs sur le marché américain", a indiqué à l'AFP Katarzyna Gawronska, la directrice de la Chambre polonaise de producteurs de volailles et de d'aliments pour animaux.
Le président de l'Association lituanienne, Gytis Kauzonas, a fait état d'une demande similaire "il y a plusieurs semaines".
Les deux responsables ont expliqué se concentrer d'abord sur la fourniture du marché européen, où les producteurs peinent déjà à combler la demande.
"La question clé serait de savoir quelles conditions financières seraient offertes par les Américains", a déclaré Mme Gawronska.
Les États-Unis devront aussi alléger les restrictions sanitaires s'appliquant aux denrées arrivant sur leur sol, a pointé M. Kauzonas.
"Habituellement, a remarqué le producteur lituanien, il faut des années pour obtenir un tel permis, mais compte tenu de la situation, tout est possible, je pense."
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