Mark Carney a la lourde tâche de prendre les rênes d'un pays choqué et anxieux d'être devenu la cible privilégiée des attaques américaines.
"Nous ne ferons jamais, jamais, de quelque manière que ce soit, partie des États-Unis", a-t-il déclaré, lors de son premier discours officiel. Mais il a promis de "chercher des moyens de travailler avec" le président américain.
Tournant la page de la décennie Justin Trudeau, le Parti libéral au pouvoir mise sur l'expérience de banquier central de Mark Carney pour rassurer les Canadiens confrontés à une guerre douanière qui pourrait faire vaciller l'économie.
M. Carney, qui fêtera ses 60 ans dimanche, est un novice en politique, n'a jamais été député ou ministre.
Mais il n'aura pas le droit à une lune de miel et récupère une feuille de route particulièrement chargée puisqu'il devra aussi tenter de mener son parti pour les prochaines élections.
Les menaces posées par le milliardaire républicain dominent la vie politique canadienne depuis des semaines et devraient rester le principal sujet de la campagne électorale à venir.
Parlant d'un "moment crucial" pour le pays, Mark Carney avait prévenu il y a quelques jours: "que les Américains ne s'y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera".
Donald Trump, qui a lancé une guerre commerciale avec son voisin à coups de droits de douane, ne cesse de répéter que la "seule chose sensée" à faire pour le Canada serait de rejoindre les Etats-Unis d'Amérique.
"Ce serait le pays le plus incroyable visuellement. Si vous regardez une carte, vous verrez qu'ils ont tracé une ligne artificielle entre le Canada et les États-Unis", a-t-il soutenu jeudi.
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"Souveraineté canadienne"
Mark Carney, qui a prêté serment en tant que 24e Premier ministre du Canada devant la gouverneure générale Mary Simon, a expliqué que sa priorité serait "de protéger les Canadiens face à des sanctions commerciales étrangères injustifiées".
Cet économiste, qui a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada, puis celle d'Angleterre, promet de s'appuyer sur son expérience des crises.
En Europe, où il a prévu de se rendre dans les prochains jours, plusieurs responsables l'ont félicité: Olaf Scholz soulignant "la valeur" de la relation entre les deux pays face aux "défis". Tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a vanté l'importance du lien Union européenne-Canada, "plus crucial que jamais".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit quant à lui espérer "renforcer la coopération" entre les deux pays, remerciant le Canada pour son soutien après l'invasion russe.
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"Elite économique"
Selon des sources gouvernementales, des législatives devraient être déclenchées par le nouveau Premier ministre dans les jours qui viennent et donc se tenir fin avril ou début mai.
Un défi pour Mark Carney qui n'a pas d'expérience politique et qui devra s'appliquer à ne pas incarner qu'"une élite économique, autant face à Donald Trump que face à l'électorat canadien", estime Frédéric Boily de l'université de l'Alberta.
Au moment de la démission de Justin Trudeau, début janvier, les libéraux semblaient promis à une lourde défaite électorale. Les conservateurs de Pierre Poilievre étaient alors crédités de plus de 20 points d'avance dans les sondages.
Mais toutes les cartes ont été rebattues depuis et les deux partis sont maintenant au coude-à-coude dans les intentions de vote.
Mark Carney, qui consacrera, de façon inhabituelle, à l'Europe son premier voyage officiel, a affirmé que la lutte contre le changement climatique serait une priorité absolue.
Mais vendredi pour sa première mesures, il a annoncé renoncer à la taxe carbone, qui "divise" les Canadiens.
Mark Carney a conservé le noyau de l'équipe de Justin Trudeau notamment les ministres chargés des négociations avec Washington, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et Dominic LeBlanc chargé du Commerce.
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