L'UE a annoncé mercredi des droits de douane sur une série de produits américains, dont le bourbon, les motos ou les bateaux, en représailles aux surtaxes de 25% entrées en vigueur le jour même sur l'acier et l'aluminium.
Ils devraient devenir effectifs à compter du 1er avril, une journée avant les droits de douane dits "réciproques" voulus par Donald Trump.
"L'Union européenne, l'une des autorités les plus abusives et hostiles du monde sur les impôts et les droits de douane, (...) a tout juste imposé 50% de droits de douane sur le whisky. Si ces droits de douane ne sont pas retirés immédiatement, les Etats-Unis vont rapidement imposer des droits de douane de 200% sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés venant de France et d'autre pays de l'UE", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.
Une annonce qui fait trembler
Il en a profité pour accuser, à nouveau, le bloc européen d'avoir "été créé dans le seul but de profiter des Etats-Unis".
L'annonce de la Commission européenne sur des droits de douane de représailles "forts mais proportionnés" sur une série de produits importés des Etats-Unis a inquiété les producteurs européens de spiritueux.
Ils ont dans la foulée appelé l'UE et les Etats-Unis à laisser leur secteur "hors de leurs différends", une demande visiblement pas entendue par la Maison Blanche.
Spirits Europe, le lobby européen de la filière, s'était dit, avant l'annonce de jeudi par Donald Trump, "profondément déçu" et "extrêmement préoccupé" de voir les droits européens sur les spiritueux américains relevés "dans le cadre d'une guerre sur l'acier et l'aluminium, sans lien" avec ce secteur.
"Cette annonce arrive à un moment particulièrement difficile pour le secteur des spiritueux, dans un contexte de tensions géopolitiques et de ralentissement sur de nombreux marchés clés", soulignait l'organisation dans un communiqué.
L'Europe jusqu'ici épargnée
Un accord transatlantique datant de 1997 avait éliminé des barrières douanières. Cela avait permis, selon le groupement, une croissance des échanges de 450% jusqu'en 2018, quand la précédente administration Trump avait lancé sa première guerre commerciale.
Les Etats-Unis représentent le premier marché à l'international du secteur. Les ventes françaises y ont progressé de 5% en 2024, atteignant 3,8 milliards d'euros, avec notamment des exportations de vins et de cognac, selon la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux.
Les spiritueux ont déjà été freinés en 2024 par les conséquences de l’enquête anti-dumping déclenchée par la Chine à l’encontre des eaux-de-vie de vin produits dans l’UE, dont le cognac et l'armagnac. Ces rétorsions commerciales ont entraîné une baisse de 25% des exportations vers la zone Chine/Hong-Kong/Singapour.
L'UE riposte aux droits de douane sur l'acier en taxant une série de produits américains
Le président américain s'est lancé depuis son retour à la Maison Blanche dans un emploi extensif des droits de douane, servant à la fois de moyen de pression sur les Etats tierces pour obtenir un accord, de moyen de protection de certains secteurs industriels, et de source de revenus fiscaux pour l'Etat fédéral.
Jusqu'à présent, le Canada, le Mexique et la Chine, qui sont les trois premiers partenaires commerciaux des Etats-Unis, ont été la cible de Donald Trump.
Le républicain a imposé 25% sur les produits canadiens et mexicains, avec des exemptions temporaires. Les produits chinois sont eux visés par 20 points de pourcentage de taxes supplémentaires, au-delà de celles déjà existantes jusqu'ici.
S'il avait menacé à plusieurs reprises de s'attaquer aux échanges entre l'Europe et les Etats-Unis, Donald Trump n'avait jusqu'ici pris aucune mesure ciblant spécifiquement les produits européens.
Il comptait en particulier sur la mise en place de ses droits de douanes dits "réciproques" à compter du 2 avril pour taxer ces derniers. Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d'un pays lorsqu'ils entrent aux Etats-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.