M. Trump a annoncé, mardi soir lors d'un discours devant le Congrès, avoir reçu une lettre de M. Zelensky faisant amende honorable. "La lettre dit que l'Ukraine est prête à s'asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d'une paix durable", a rapporté M. Trump.
"Obtenir une paix durable"
"Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous la direction énergique du président Trump pour obtenir une paix durable. Nous apprécions vraiment tout ce que l'Amérique a fait pour aider l'Ukraine à maintenir sa souveraineté et son indépendance", a-t-il ajouté, en citant les mots de M. Zelensky.
Alors que la visite de ce dernier à la Maison Blanche vendredi devait permettre la signature d'un accord sur les minerais ukrainiens, elle a tourné à sa mise en accusation par le président Trump et son vice-président JD Vance.
L'épisode a conduit à la suspension lundi de l'aide militaire américaine, cruciale pour l'armée ukrainienne depuis plus de trois ans d'offensive à grande échelle de la Russie.
Trump suspend l'aide militaire à l'Ukraine : les réactions
Après plusieurs jours d'intenses échanges diplomatiques avec les Européens, Volodymyr Zelensky avait exprimé publiquement mardi sa "reconnaissance" et des regrets pour l'incident.
Depuis la joute de vendredi, le président républicain accusait M. Zelensky de ne pas vouloir la paix et de se montrer irrespectueux et ingrat envers les Etats-Unis, qui représentent selon le Kiev Institute près de la moitié des 130 milliards d'euros d'aide militaire versée à Kiev de début 2022 à fin 2024.
Sur le réseau social X, Volodymyr Zelensky a assuré que l'Ukraine était "reconnaissante" pour l'aide américaine et reconnu que sa visite de vendredi "ne s'est pas déroulée comme prévu": "Il est regrettable que cela se soit passé ainsi. Il est temps d'arranger les choses".
Il a proposé ce qui pourrait constituer "les premières étapes pour mettre fin à la guerre": "la libération des prisonniers et une trêve dans les airs - interdiction des missiles, des drones de longue portée, des bombes sur les infrastructures" civiles, notamment énergétiques, ainsi qu'"une trêve en mer immédiate, si la Russie fait de même".
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, grand allié de la Russie, a proposé d'accueillir à Minsk des pourparlers de paix sur l'Ukraine, lançant une invitation à ses homologues américain, russe et ukrainien, dans un entretien publié mercredi. Selon lui, "il faut se mettre d'accord" avec Volodymyr Zelensky, "puisqu'une grande partie de la société ukrainienne est derrière lui".
"Arrêter cette folie"
Donald Trump, qui a amorcé un rapprochement spectaculaire avec Moscou avec son appel du 12 février avec Vladimir Poutine, a également affirmé avoir reçu "des signaux forts indiquant qu'ils (les Russes) sont prêts pour la paix".
"Il est temps d'arrêter cette folie. Il est temps d'arrêter les massacres. Il est temps de mettre fin à cette guerre insensée. Si l'on veut mettre fin aux guerres, il faut parler aux deux parties", a-t-il tranché.
Les alliés de Kiev, réunis en sommet d'urgence dimanche à Londres, ont dit vouloir présenter des propositions pour arriver à une cessation des hostilités en Ukraine. Mais ils ont aussi répété qu'il faudrait que cela se fasse avec un soutien des Etats-Unis.
Trump suspend l'aide militaire à l'Ukraine
Après les propos de Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron a salué une volonté de "réengager le dialogue avec les États-Unis d’Amérique".
L'assistance américaine gelée concerne essentiellement celle déjà approuvée sous la présidence de Joe Biden et très largement soldée, mais dont il reste encore du matériel à livrer.
La mesure prise par les Etats-Unis se fait d'ailleurs déjà ressentir dans le principal centre en Pologne de soutien logistique à l'Ukraine, celui de Jesionka, a informé mardi le chef du gouvernement polonais.
Les livraisons de l'aide américaine "sont en train de cesser, puisque des trains entiers qui étaient chargés à destination de l'Ukraine sont stoppés et interdits de se rendre à leur objectif", a confirmé à Paris le Pemier ministre français François Bayrou.
"Quoi qu'il en coûte"
Après cette décision, la présidence ukrainienne a indiqué mardi "discuter" avec les Europeéns pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé le même jour un plan "pour réarmer l'Europe" qui va permettre de fournir une aide militaire "immédiate" à l'Ukraine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté un projet en cinq volets de 800 milliards d'euros destiné à renforcer la défense du continent, qui sera examiné au cours d'un sommet européen jeudi à Bruxelles.
L'Allemagne, elle, veut débloquer des investissements sans précédent de centaines de milliards d'euros pour renforcer son armée, au vu de la fracture en cours avec les Etats-Unis, le futur chancelier Friedrich Merz disant vouloir s'affranchir de ses règles de discipline budgétaire pour cela.
"Le mot d'ordre pour notre défense doit être: quoi qu'il en coûte!", a martelé M. Merz, qui a annoncé que son pays allait débloquer trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'armée ukrainienne.
Zelensky se redit prêt à signer l'accord sur les minerais avec les Etats-Unis