Dès le lundi 16 septembre 2024, l’Allemagne va mettre en place des contrôles mis en à ses frontières avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark. Les autres frontières allemandes, avec la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Suisse, étaient elles déjà contrôlées depuis octobre 2023. Selon le ministère de l’Intérieur, cette mesure a permis de refouler 30 000 migrants en un an.
Des contrôles sur les routes et dans les trains seront donc effectués, mais il s’agira de “contrôles intelligents.” Un député de la majorité précise au Monde :
“On ne va pas arrêter chaque voiture, ni fermer les frontières comme au temps du Covid. La police des frontières va observer plus attentivement les passages.”
Mesure exceptionnelle
Cette décision politique, en principe contraire aux règles de libre circulation dans l'espace Schengen, est censée être une “mesure exceptionnelle” pour les 6 prochains mois, soit jusqu’au 16 mars 2025. Cela est possible depuis une modification des règles de Schengen en février 2024 :
“Les États membres peuvent rétablir des contrôles à titre exceptionnel en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure (...) pour une durée n'excédant pas deux ans.”
Sécurité intérieure
La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, a ainsi justifié sa décision par "la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière. Tant que nous n’aurons pas obtenu une protection renforcée des frontières extérieures de l’UE (...) nous devrons encore renforcer les contrôles à nos frontières nationales”.
Deux attaques au couteau meurtrières ont eu lieu ces derniers mois en Allemagne, une première à Mannheim en mai, et plus récemment à Solingen, en août. Le 5 septembre, un “probable projet d’attentat” contre le consulat israélien à Munich a été évité selon les autorités. Un Autrichien de 18 ans, “identifié comme islamiste par les services de sécurité”, a ouvert le feu à proximité du consulat, avant d’être abattu.
350 000 demandes d’asile
C’est dans ce contexte que le gouvernement, mené par le social-démocrate Olaf Scholz, a décidé de prendre des mesures plus strictes sur l’immigration et le droit d’asile, deux thématiques chères à l’AfD, parti d’extrême droite arrivé en tête il y a quelques jours lors d’une élection régionale en Thuringe.
L’Allemagne, qui avait accueilli plus d’un million de réfugiés, principalement syriens, au milieu des années 2010, puis près d’un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre avec la Russie, a enregistré plus de 350 000 demandes d’asile en 2023, un chiffre en forte hausse.