Le Conseil de l'Europe s'alarme du "discours de haine" en Italie

Le Conseil de l'Europe s'est inquiété mardi d'une montée du "discours de haine" et de la xénophobie dans la sphère publique en Italie, où le gouvernement ultra-conservateur mais aussi le président de la République ont vivement réagi.
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"Le discours de haine n'est que rarement contesté"

Après cinq ans d'analyse de la situation des droits de l'homme en Italie, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), émanation du Conseil de l'Europe, a publié son rapport.

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L'organe s'y alarme d'une xénophobie "de plus en plus présente dans le discours public" et d'un discours politique avec "des connotations extrêmement clivantes et hostiles" envers les réfugiés, les citoyens italiens issus de l'immigration ou encore les personnes LGBTQ.

"Le discours de haine, y compris de la part de hauts responsables politiques, n'est que rarement contesté", déplore l'organe d'experts sur le traitement des questions relatives aux discriminations.

Bien que le nombre de Roms qui vivent dans des campements a "considérablement diminué", leurs expulsions forcées, "contraires aux normes internationales, n'ont pas cessé", rappellent les experts de la Commission.

"Exposés à des risques élevés d'exploitation par le travail", de nombreux migrants en situation irrégulière "ne signalent que très rarement ce type d'abus par crainte d'être expulsés", ajoutent-ils.

Les personnes LGBTQ "continuent de subir de la discrimination" au quotidien

Classée 34e sur les 49 pays évalués en Europe par ILGA-Europe, une ONG de lutte pour les droits des personnes LGBTQ, l'Italie n'interdit "toujours pas explicitement" la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre.

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Les personnes LGBTQ "continuent de subir des préjugés et de la discrimination dans leur vie quotidienne", pointe le rapport.

A partir de ces observations, l'ECRI formule une série de recommandations, dont la création d'un organisme de promotion de l'égalité "pleinement indépendant" ainsi que l'adoption d'un "Plan d'action national de lutte contre le racisme".

L'instance propose également de veiller à ce que les programmes scolaires insistent "sur l'égalité, la diversité et l'inclusion".

Des personnalités politiques de premier plan en Italie ont fustigé le rapport mardi, dénonçant en particulier les accusations visant la police à laquelle l'ECRI reproche de pratiquer "du profilage racial" aux dépens des "Roms et les personnes d'ascendance africaine".


Le président italien Sergio Mattarella a réagi en se disant "stupéfait"

Dans un communiqué, le président de la République, Sergio Mattarella, a fait savoir qu'il avait appelé le chef de la police, Vittorio Pisani, pour lui exprimer sa "stupeur" et "son estime et soutien aux forces de police".

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La cheffe du gouvernement et dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni, a défendu dans les policiers "des hommes et des femmes qui, chaque jour, travaillent avec dévouement et abnégation à assurer la sécurité de tous les citoyens, sans distinction".

"Ils méritent le respect, pas de telles injures", a-t-elle écrit sur X.

Le vice-Premier ministre, Matteo Salvini, chef de La Ligue anti-immigration, a dénoncé une attaque "honteuse" de la part d'un organisme "inutile, financé notamment par les impôts des Italiens".

"Si ces messieurs aiment tant les Roms et les clandestins, qu'ils les emmènent tous chez eux à Strasbourg"

"Si ces messieurs aiment tant les Roms et les clandestins, qu'ils les emmènent tous chez eux à Strasbourg", a-t-il tonné lui aussi sur le réseau X.

Dans l'opposition, le député de gauche Aboubakar Soumahoro a en revanche salué le rapport de l'ECRI qui selon lui "atteste un mal qui continue de faire des victimes parmi les migrants, les demandeurs d'asile, les minorités religieuses et les Italiens d'origine étrangère".

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Giorgia Meloni mène une politique migratoire extrêmement stricte.

Celle qui se définit comme une "mère chrétienne", attachée aux valeurs traditionnelles de la famille, s'est également opposée à plusieurs reprises au "lobby LGBT".

Le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, compte 46 pays membres. Il est chargé de faire respecter les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme sur le continent.

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