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Le manque de neige, "un problème" pour l'image du ski, selon un expert

Pendant que les Mondiaux de ski se déroulent à Saalbach (Autriche), le manque de neige observé depuis des années "peut poser un problème" d'image pour le sport, explique à l'AFP Robert Steiger, professeur à l'université d'Innsbrück spécialisé dans l'adaptation au changement climatique.
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Comment se manifeste le changement climatique dans des stations de sports d'hiver comme Saalbach ?

"Ce que nous voyons depuis quelques années, c'est qu'il faut produire de plus en plus de neige artificielle, donc investir davantage d'argent si on veut avoir un bon enneigement. C'est la conséquence la plus évidente du changement climatique. Ce que nous constatons également, c'est que la saison devient moins fiable. La neige arrive plus tard, donc les stations sont contraintes d'ouvrir plus tard que d'habitude et la saison se termine plus tôt qu'avant. Ce sont les premiers signes d'un réchauffement climatique que de plus en plus de skieurs vont expérimenter à l'avenir."

Quels sont les défis qui se posent pour ces stations ?

"La question est de savoir si elles ont les moyens d'investir dans la production de neige artificielle, car avec cette technologie, la plupart des stations pourront continuer à fonctionner dans les trente prochaines années. Si elles n'en ont pas les moyens, il faut chercher des alternatives qui ne dépendent pas de la neige mais ce n'est pas simple. Car les enquêtes le montrent : les skieurs veulent avoir de la neige et veulent aller au ski, ils ne veulent pas passer à autre chose. Il faut trouver d'autres clients, ce qui est un vrai défi. Une autre option est d'essayer de promouvoir le tourisme estival."

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Concernant les compétitions

Est-ce que ça met aussi en danger l'avenir des compétitions ?

"Tout dépend de quand a lieu la compétition. Si c'est comme ici, en février, je pense que ça ira pour les prochaines décennies. Mais on l'a vu l'année dernière, avec les finales de la Coupe du monde à Saalbach fin mars (peu de neige et températures douces, ndlr)... Ils ont eu de la chance et il a fini par neiger mais ça aurait pu être l'inverse et dans ce cas, c'est critique. L'autre question qui se pose, c'est que oui, on peut produire la course avec la neige artificielle, mais que fait-on s'il n'y a pas de neige naturelle du tout? On a eu le cas par le passé, avec des conditions acceptables pour une compétition mais avec des images pas idéales, avec des langues de neige blanches dans un paysage vert ou marron. Une fois de temps en temps ça va, mais si ça se produit une fois sur deux, je pense que ça peut devenir un problème pour le sport."

Justement, les compétitions de ski cristallisent de plus en plus de critiques concernant leur impact sur des montagnes déjà fragiles, qu'en pensez-vous ? 

"C'est sûr que les organisateurs doivent réfléchir à la durabilité, en termes de mobilité notamment. Par contre d'un point de vue scientifique, qu'il y ait de la neige naturelle ou non sur place, que le paysage soit vert ou qu'il soit blanc, les ressources énergétiques sont les mêmes pour produire ces compétitions, car il faut produire la neige artificielle (sur laquelle skient les skieurs, ses propriétés garantissant mieux l'équité sportive, ndlr). Mais c'est sûr que pour les gens, notamment en dehors du monde du ski, c'est absurde d'avoir une compétition de ski dans un paysage tout vert. Pour la communication, c'est très difficile."

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