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L'eau en bouteille à nouveau en pleine réorganisation chez Nestlé

L'activité d'eaux en bouteille de Nestlé, sous pression depuis les révélations concernant des traitements interdits appliqués aux eaux minérales, est de nouveau au coeur d'une grande réorganisation, lancée par le nouveau patron qui doit redorer les résultats du groupe.
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Une des premières décisions de Laurent Freixe, qui a pris les commandes de Nestlé début septembre suite à l'éviction de son prédécesseur, a été d'annoncer une revue stratégique de  cette activité qui a généré un chiffre d'affaires de 3,3 milliards de francs suisses (3,5 milliards d'euros) en 2023.

A compter du 1er janvier 2025, les activités d'eaux vont être regroupées dans une entité distincte.

Sa direction va être confiée à Muriel Lienau, qui était déjà à la tête du pan européen des eaux, avec pour mission d'évaluer la stratégie, notamment en explorant les possibilités de partenariat.

"Cela va prendre un petit peu de temps, mais sommes en train de créer des options pour l'avenir", avait déclaré M. Freixe lors d'une conférence pour les investisseurs en novembre durant laquelle il dévoilait ses projets pour redresser les ventes du groupe.  

Son prédécesseur, Mark Schneider, avait lui aussi réorganisé les activités d'eaux en 2020 et élagué le portefeuille, notamment en vendant plusieurs marques locales en Amérique du Nord aux fonds One Rock Capital Partners et Metropoulos & Co en 2021 pour 4,3 milliards de dollars.

Il avait ainsi voulu recentrer le portefeuille sur les plus grandes marques, qui englobent S. Pellegrino, Perrier et Acqua Panna, répondant en partie aux critiques d'investisseurs qui pointent que l'eau est en perte de vitesse depuis plusieurs années.

L'eau en bouteille était en forte croissance lorsque Nestlé avait racheté la marque francaise Perrier en 1992. Mais les habitudes de consommation ont peu à peu changé, notamment face aux critiques concernant le plastique à usage unique.

En 2023, l'eau était la plus petite activité de Nestlé. Elle ne représentait que 3,6 % de son chiffre d'affaires au niveau mondial, très loin derrière le café et boissons en poudre (dont Nesquik et Milo) qui contribuent à plus du quart de ses ventes ou les produits pour animaux de compagnie qui dépassent 20 % du chiffre d'affaires.

L'eau est de surcroît l'activité qui a essuyé la plus forte baisse de ses ventes en volumes l'an passé, en recul de 5,1 % sur un an.

Et sur les neuf mois de 2024, leurs volumes de ventes ont encore fléchi de 0,8 % sur fond de scandale concernant des traitements appliqués en France et en Suisse.

En janvier, une enquête de Radio France et du quotidien Le Monde avait révelé que des producteurs d'eaux en bouteille, dont Nestlé, avaient utilisé des techniques de purification autorisées pour l'eau du robinet mais interdites pour les eaux minérales naturelles ou eaux de source, qui doivent être naturellement pures.

La réorganisation annoncée par le nouveau patron a donc accueillie favorablement par les investisseurs. Car elle pourrait ouvrir la voie à "un partenariat ou même à une vente", avait notamment réagi Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich.

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