"Nous sommes surpris par la décision", a commenté Me Max Bellemare, l'un des trois avocats de Rodrigue Petitot, après l'énoncé du verdict : "On s'attendait (à être) entendu au regard des jurisprudences que nous avons sur la liberté d'expression".
C'est "un prisonnier politique", a réagi Georges-Emmanuel Germany, autre avocat du président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC).
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"Un prisonnier politique"
Rodrigue Petitot, qui était en détention provisoire depuis samedi, est retourné au centre pénitentiaire de Ducos. Il doit être convoqué sous cinq jours par un juge d'application des peines en vue d'un placement sous bracelet électronique.
"Il y a de fortes chances qu'on fasse appel", a ajouté Me Bellemare.
Au prononcé de la décision, rendue au terme d'une audience marathon de 12 heures, des heurts ont éclaté à l'extérieur du palais de justice de Fort-de-France, a constaté un journaliste de l'AFP.
Parmi les centaines de personnes qui manifestaient leur soutien à Rodrigue Petitot, plusieurs dizaines ont lancé des pierres et des bouteilles en verre sur les façades du tribunal. Des jets de projectiles auxquels les gendarmes ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes.
Cette condamnation est en-deçà des réquisitions du ministère public, qui avait réclamé 12 mois de prison ferme à l'encontre du chef du RPPRAC.
Dans une vidéo diffusée en direct fin novembre sur TikTok, Rodrigue Petitot avait exigé le départ du préfet de la Martinique et réclamé aux élus de fermer les mairies.
"Démontrez-nous que l'on peut compter sur vous. On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l'extérieur comme de l'intérieur", déclarait-il alors qu'il manifestait, cité par la radio locale RCI.
Il a été interpellé jeudi en fin de journée avant d'être placé en détention provisoire jusqu'à son procès.
"Ces propos sont des actes d'intimidation", a asséné lundi le représentant du parquet lors de son réquisitoire, rappelant que le prévenu était en état de récidive légale et risquait pour les faits qui lui étaient reprochés jusqu'à 20 ans d'emprisonnement.
"On a jamais appelé à la violence contre qui que ce soit", s'est défendu Rodrigue Petitot pendant son procès.
Depuis début septembre, le RPPRAC réclame l'alignement des prix des produits alimentaires vendus en Martinique sur ceux pratiqués dans l'Hexagone.
Dans le sillage de ce mouvement, 298 véhicules, 33 bâtiments privés et six bâtiments publics ont été incendiés et quelque 174 locaux commerciaux ont par ailleurs été cambriolés sur l'île, selon la préfecture.
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