L'ancien climatologue en chef de la Nasa James Hansen, devenu une voix dissonante et isolée de la communauté scientifique, a même affirmé dans une étude publiée mardi que cette baisse des émissions d'oxydes de soufre avait eu des effets sur le climat minimisés par la communauté scientifique.
Voici l'impact du transport maritime sur l'environnement
De quelle norme parle-t-on ?
Depuis le 1er janvier 2020, les navires de croisière comme les porte-conteneurs, vraquiers ou pétroliers qui sillonnent les océans doivent utiliser du carburant dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,5 %, contre 3,5 % auparavant.
Des restrictions encore plus strictes existaient déjà auparavant dans certaines zones dites "de contrôle des émissions (ECA)" en mer Baltique, dans la mer du Nord, la zone de l'Amérique du Nord et la zone maritime caraïbe des Etats-Unis.
Cette règle a été adoptée par l'Organisation maritime internationale (OMI), une institution de l'ONU qui s'occupe des questions maritimes et de la régulation du secteur.
Les aérosols de soufre sont responsables de nombreux problèmes de santé comme des accidents vasculaires cérébraux, des maladies pulmonaires et cardiovasculaires.
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Qu'a modifié cette nouvelle règle ?
Les émissions de d'oxydes de soufre (SOx) ont diminué de 7,4 millions de tonnes métriques dès 2020 par rapport à 2019, d'après un article de la revue Earth System Science Data datant de juin dernier.
C'est très proche de l'objectif affiché par l'OMI qui était de 8,5 millions de tonnes métriques de SOx, soit une réduction de 77 % des émissions du secteur maritime.
D'après l'organisation, en 2023, seulement deux bateaux ont été contrôlés avec un taux de soufre supérieur à 0,5 % dans leur carburant. Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle règlementation, seulement 67 infractions ont été relevées.
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Pourquoi cela a-t-il pu favoriser le réchauffement climatique ?
Les émissions d'oxydes de soufre sont catégorisées comme des aérosols. Ce ne sont pas des gaz à effet de serre qui favorisent le réchauffement climatique. Au contraire, les aérosols de soufre favorisent la création de nuages réfléchissants qui renvoient une partie de la chaleur du soleil.
La diminution des émissions a donc pu jouer un rôle dans la multiplication des records de chaleur ces derniers mois, "mais on n'est pas capables de le quantifier de manière ultra précise", indique Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS.
"Plusieurs articles montrent qu'il y a un changement détectable dans les propriétés optiques des nuages au-dessus des couloirs maritimes", poursuit le chercheur.
En résumé, les nuages au-dessus des mers et des océans ont changé depuis 2020, ils sont composés de gouttelettes plus grosses et sont donc moins réfléchissants.
La baisse des émissions d'oxyde de soufre du transport maritime "contribue un peu" au réchauffement climatique, "mais on n'est pas en mesure de dire que ça y contribue beaucoup", affirme M. Boucher.
D'après un article scientifique paru en août dernier dans Earth's Future, la norme instaurée par l'OMI devrait entraîner une augmentation globale de la température à la surface du globe estimée à 0,05 °C, d'ici 2029.
Cette réduction drastique des émissions d'oxydes de souffre "contribue à expliquer les chaleurs exceptionnelles de 2023, mais d'autres paramètres doivent être pris en compte", avance aussi l'étude.
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