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Trois dealers toulousains jugés pour l'enlèvement et l'assassinat de leur fournisseur

Trois jeunes Toulousains, enfants de cadres ou d'enseignants, ont comparu jeudi devant la cour d'assises de Haute-Garonne pour l'enlèvement et l'assassinat de leur fournisseur, dont le corps avait été retrouvé calciné au printemps 2021. 
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Au premier jour du procès, qui dure jusqu'à mardi, la cour a d'abord relaté les circonstances du meurtre, survenu dans le centre de Toulouse, à proximité de la station de métro la plus fréquentée de la ville.

Les trois amis, alors âgés de 18 à 20 ans, estimant que leur pourvoyeur habituel, surnommé La Dose, de son vrai nom Tony Fresneau, leur avait vendu de l'eau à la place de kétamine, un puissant anesthésiant également utilisé comme euphorisant, lui fixent un rendez-vous le 18 avril 2021 vers 19H30.

Munis d'une arme, ils le forcent à monter dans leur voiture, qui démarre en trombe, roule à vive allure et emprunte un sens interdit. Le fournisseur se débat, une bagarre éclate, un coup de feu retentit. Tony Fresneau est atteint, il s'écroule sur la banquette arrière.

Les jeunes paniquent et décident de faire disparaître le corps. Une heure plus tard, les gendarmes découvrent un véhicule brûlé dans un champ, sur la commune de Clermont-le-Fort, à 20 minutes de Toulouse. A l'intérieur, un corps calciné. L'autopsie révèle que la victime a été abattue d'une balle dans la tête, tirée à bout touchant.

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Perte de repères


Depuis le box des accusés, les trois dealeurs, le visage fermé, répondent poliment aux questions de la présidente, expriment des regrets, décrivent une enfance difficile: avec un père violent et alcoolique pour l'un, des agressions sexuelles pour le second ou le suicide du père pour le troisième.

Les enquêtes de personnalité mettent en lumière des jeunes en perte de repères, fragiles, en échec scolaire. Tous trois présentent une addiction au cannabis, passent progressivement des petites bêtises au grosses. Les parents -une institutrice, une avocate, un professeur, un commercial, une employée aéronautique- apparaissent désarmés ou absents.

Pour Alexandre Martin, l'avocat du plus jeune des accusés, celui qui a appuyé sur la gâchette du fusil à canon scié, les trois amis se sont "retrouvés dans une situation qui les a dépassés. Pour faire peur, et parce qu'ils ont peur, ils prennent une arme, pour se donner une contenance".

"Ils se retrouvent dans une Ferrari, sans avoir le permis", ajoute-t-il.

"Les ravages de la drogue, estime Me Martin. Ils se sont perdus, alors qu'ils ont reçu une bonne éducation, de bonnes valeurs."

Préméditation ?


Brice Zanin, avocat des parents de la victime Tony Fresneau, qui se sont constitués partie civile, est convaincu que le meurtre n'est pas accidentel, comme le plaide la défense. "Ils sont arrivés au rendez-vous, avec un fusil à canon scié chargé, un jerrican plein d'essence dans le coffre... Ils ont manifestement prémédité leur geste", lâche Me Zanin.

"Ce sont des dealeurs à la petite semaine, des jeunes de bonne famille qui se croient dans +Narcos+ (série de Netflix, NDLR) et ça dérape", poursuit Me Zanin.

Tué à l'âge de 31 ans, Tony Fresneau, père de deux filles, ancien cuisinier et pâtissier, est bien connu de la justice pour divers délits, notamment de trafic de drogue. Une perquisition à son domicile a permis de saisir LSD, cocaïne, cannabis et 11.000 euros en liquide.

En quelques semaines, les gendarmes de la section de recherche de Toulouse, en charge de l'enquête, avaient identifié et localisé les meurtriers, grâce au bornage des téléphones et au véhicule appartenant à l'un d'eux.

Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour enlèvement et assassinat en bande organisée.

Le verdict est attendu mardi.

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