"Il est reproché à M. Plaza d'avoir porté des coups, dénigré, humilié publiquement, tordu des doigts si fort que certains ont été luxés, d'avoir mordu", a énuméré la procureure en requérant cette peine.
"Il faut rappeler aujourd'hui qui est la victime et qui est l'agresseur, ne pas faire du couple une zone de non-droit. M. Plaza a fait un choix: celui de la violence pour imposer sa volonté au sein du couple", a-t-elle déclaré.
Outre la prison avec sursis, le ministère public a demandé une peine d'amende "proportionnée aux revenus du prévenu": 10.000 euros pour souligner le "poids financier" subi par les victimes dans une affaire où "l'argent a été un élément central des mécanismes de domination".
La vedette du petit écran comparaît depuis jeudi matin pour "violences habituelles physiques et/ou psychologiques par concubin" entre 2018 et 2022 sur une ancienne compagne, Amandine, ainsi que pour "violences habituelles psychologiques par concubin" sur une autre, Paola, entre 2021 et 2022. Les deux se sont vu reconnaître une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours.
Le quinquagénaire, vêtu d'un costume bleu nuit et d'un T-shirt blanc, a nié en bloc tout au long de la journée.
Les doigts tordus d'Amandine, au printemps 2022?
"Je ne contrôle pas ma force car je suis dyspraxique et maladroit (...) et je ne vois pas qu'elle a mal", insiste le prévenu, niant aussi l'avoir étranglée. "Il y a une force qui n'aurait pas dû être, c'est un incident malheureux", se défend-il.
Les clefs de l'appartement de Paola, qu'il ne lui rend pas malgré ses demandes? "Une bêtise, il les a perdues", assure son avocat, Carlo Alberto Brusa. "On fait de quelques petits faits, quelque chose de monstrueux. Et sans preuve. Pour condamner quelqu’un, il faut des preuves tangibles", a-t-il plaidé.
Le procès de l'animateur Stéphane Plaza, jugé pour violences sur deux ex-compagnes, a débuté
"Continuum de violences"
Amandine a aussi décrit un séjour au Maroc, où Stéphane Plaza, son compagnon et employeur, l'aurait humiliée auprès d'une personnalité marocaine en lui disant: "Je t'ai ramenée une femme, je ne rigole pas, prends-la, c'est ton cadeau".
Une "blague", balaie à la barre M. Plaza. "Avec le recul et les mentalités qui ont changé, peut-être que je ne la referais pas". "Je ne l'ai pas rabaissée, je l'ai emmenée partout!", poursuit-il. "Pour moi la femme, c'est ce qu'il y a de plus beau".
"Il oscillait: il prenait soin de moi, mais ça pouvait changer en 48 heures et tout s'écroule", a témoigné Amandine à la barre, bouleversée.
- Pourquoi ne pas avoir stoppé cette relation? Elle a duré cinq ans, interroge le président.
- J'étais éprise, je travaillais pour lui, on vivait dans son appartement. Et il y avait des moments de mieux. Alors j'ai eu du mal à sortir de tout ça.
"On ne dit pas qu'il y a eu des violences tous les jours", relève la procureure, mais qu'il a "institué un continuum de violences". Et chez ces femmes grandit "la peur des mauvais jours, la peur des crises, du dénigrement et pour certaines, des coups".
"Un mauvais Vaudeville"
Paola a enregistré une fois les propos dénigrants qu'elle dénonce. "Je voulais le faire écouter à ses proches. Ce n'était pas normal, la façon dont il me parlait".
"C'était un jeu entre nous!", rétorque le prévenu, "un mauvais Vaudeville".
Le mal-être décrit par Paola est tel qu'elle va se faire opérer pour augmenter sa poitrine et espérer lui plaire davantage.
"Je n'ai pas compris qu'elle n'allait pas bien", affirme Stéphane Plaza, la présentant comme vénale, "une princesse" qui mentirait: "Elle dit qu'on se voit quatre fois par semaine, mais je ne pouvais pas, c'est mathématique, j'ai six relations en même temps".
A la barre, quatre connaissances de M. Plaza, citées par la défense, ont décrit un homme "généreux", "calme".
L'une d'entre elles entretient une relation avec lui depuis 2018. "Je sais qu'il est infidèle, ça peut faire l'objet d'une dispute mais alors il est très fuyant. C'est moi qui dégénère". Lui est "tendre".
L'affaire avait débuté en septembre 2023, avec la publication par Mediapart des témoignages de trois anciennes compagnes. Le parquet avait ensuite ouvert une enquête.
De son côté, M. Plaza tente de faire reconnaître devant la justice un harcèlement et cyberharcèlement à son encontre. Jusqu'à maintenant, en vain: sa première plainte a été classée sans suite le 7 janvier.
Initialement agent immobilier, Stéphane Plaza est devenu une star du petit écran quand M6 l'a propulsé en 2006 à la tête des émissions "Recherche appartement ou maison" et "Maison à vendre" (2007). A ce stade, M6 a exclu de mettre fin à leur collaboration.
A la fin du procès, M. Plaza a dit vouloir "reprendre sa vie". "Je suis vraiment innocent". Le jugement sera rendu le 18 février.