Yanis, adolescent de 17 ans, s'est suicidé le 30 mars, laissant un courrier qui mettait en avant "la remise en liberté" d'un voisin qui l'avait agressé sexuellement à partir de ses douze ans.
"Le suicide de Yanis est un drame qui signe l'échec d'un système à protéger les victimes de violences sexuelles et illustre l'impact des décisions judiciaires sur les victimes", dénonce la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Civiise), dans un communiqué.
L'homme, déjà condamné pour des faits similaires, avait reçu en octobre 2023 une peine de cinq ans de prison ferme pour l'agression de ce garçon. Il a été remis en liberté début février et était revenu vivre à quelques kilomètres de l'adolescent, selon plusieurs médias.
"Aujourd'hui, même si de nombreux magistrats informent les victimes de la libération de leur agresseur, ce n'est pas une obligation. C'est à la victime ou à son avocat d'en faire la demande lors de l'audience", relève la Ciivise.
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Se concentrer sur le ressenti de la victime
La Commission appelle à "faire évoluer la loi pour rendre obligatoire et systématique l'information des victimes".
"Le ressenti de la victime n'est pas pris en compte. Quand l'agresseur a purgé sa peine, la victime, elle, continue de vivre à vie avec les effets de son traumatisme. Croiser son agresseur réactive son trauma, lui fait revivre l'agression, la façon dont l'entourage a réagi, le procès. La peur, la colère, l'impuissance, la fragilité, tout remonte à la surface", explique à l'AFP Solène Podevin, membre du collège directeur de la Ciivise.
"En apprenant la remise en liberté de leur agresseur qui habite près de chez elles, certaines victimes déménagent. Elles doivent se préparer à le rencontrer, même sans le vouloir", poursuit-elle, indiquant que "50% des victimes d'inceste font une tentative de suicide".
La Commission préconise que les victimes puissent avoir accès à des soins gratuits en psychotrauma. "Elles doivent pouvoir être protégées et accompagnées toute leur vie, notamment quand le trauma est réactivé", souligne Mme Podevin.
Si le gouvernement a donné un "avis favorable" à la préconisation de soins gratuits en psychotrauma, la Ciivise demande "un calendrier, des objectifs chiffrés et des moyens dédiés".
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