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C'est quoi une bonne comédie ? Conversation avec Éric Toledano et Olivier Nakache
“Une vanne qui claque pas, ça part du talon et ça arrive derrière la nuque tellement c'est gênant”
Présent à la 76e édition du Festival de Cannes 2023, pour leur film “Le Sens de la fête” qui est en sélection officielle, le duo de réalisateurs français, connus pour leurs comédies, Éric Toledano et Olivier Nakache, échangent avec Brut sur comment faire une “bonne” comédie. Cela implique un rythme particulier selon Éric Toledano : “Une bonne comédie a du rythme. Tu te marres régulièrement, pas un peu. Je dirai aussi que ce n’est pas qu’une comédie. Mais ça, c'est plus subjectif et personnel à nous. C'est-à-dire que l'on peut utiliser la comédie pour raconter des choses intéressantes, profondes et qui ont du sens”.
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“Au cinéma, il y a des vannes qui passent à la trappe”
Présenter une comédie en salle de cinéma a ses spécificités. “D'abord, quand t'enchaînes les vannes, si ça rit bien, il y a des vannes qui passent à la trappe. Ca, c'est connu” commente Éric Toledano avant d’ajouter : “Et en même temps, les films sont faits pour être vus plusieurs fois. Le fait qu'il va y avoir plusieurs vies fait qu'à un moment ou un autre, les gens le reverront, et tant mieux, ils chopperont des choses qu'ils n'avaient pas vues”.
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Le co-réalisateur du film “Intouchables” explique qu’avec Olivier Nakache, il leur arrive de procéder à des “phases de finition” durant laquelle le film est présenté comme une sorte de crash-test au public. Le film est projeté “en province, sans prévenir” : “C’est ce qu’on a fait là sur “Une Année difficile”, on a pris 500 personnes dans le public et on a enregistré et là verdict” indique Éric Toledano. Certaines blagues et vannes sur lesquelles le duo n’était pas forcément d'accord sont testées sur le public réel. Si les rires ne fusent pas, la vanne peut être sautée au montage “parce que une vanne qui claque pas, ça part du talon et ça arrive derrière la nuque tellement c'est gênant”.
“Il y a des films qui sont à l'abri du temps”
Pour les réalisateurs, une bonne comédie reste “indémodable”. “Il y a des acteurs puissants qui passent le temps. Je pense que Bourvil, de Funès c'est indémodable. Et de voir maintenant à nos âges, avec nos enfants, que ça marche encore quand vous regardez Le Corniaud ou Rabbi Jacob, eh bien, c'est aussi dû à la force des dialogues, à la force de l'interprétation qui est unique. Ce sont des acteurs qui sont complètement hors norme” explique Olivier Nakache. “Il y a des films comme ça qui sont à l'abri du temps” précise Éric Toledano.
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“Jean-Pierre Bacri avait du génie”
Dans le film “Le Sens de la fête” (2017), Jean-Pierre Bacri, décédé le 18 janvier 2021, donnait la réplique à Gilles Lellouche, Eye Haïdara, Jean-Paul Rouve ou encore Vincent Macaigne. Jean-Pierre Bacri y interprétait Max, traiteur depuis 30 ans. Ce soir, c’est un mariage dans un château du 17ème siècle qu’il célèbre. Comme à ses habitudes, il a tout coordonné pour que tout se déroule dans les meilleures conditions mais la loi des séries va en décider autrement. Selon Éric Toledano, Jean-Pierre Bacri “non seulement va durer dans le temps, mais je pense que plus le temps va passer, plus on va se rendre compte à quel point il avait du génie” car il avait “la musique. Il mettait un dialogue en bouche et d’un coup…”. “C’est un Stradivarius. C’est comme un violon très, très, très rare et extrêmement bien accordé. C’est quelque chose qui est inné” ajoute Olivier Nakache.
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Face à l’essor des réseaux sociaux, et d’autres humoristes qui ont émergé sur ces nouvelles plateformes, les réalisateurs réagissent. “Nous, on a eu à notre époque, l’apparition de Canal+. On avait les Nuls, c’était à nous, nos parents ne comprenaient peut-être pas. Et là, nos enfants, ils sont nés avec les réseaux sociaux. Tout ça se régule bien, plus ou moins bien avec les excès, les dérives, mais ils font avec. Nos enfants parlent ensemble, nous on connaît rien, ils nous montrent des choses parfois très drôles, des choses très innovantes. Je vois des fois des productions sur Internet, par exemple Studio Bagel, je me dis : c'est ultra bien produit, c'est assez étonnant” indique Olivier Nakache.