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Cet humoriste français qui fait rire en Chine
“Le second degré n'existe pas en Chine”
“Au départ, c'est une blague avec des amis.” Voici comment Patrick Veisselier, humoriste français, s’est retrouvé à faire des spectacles d'humour en Chine, alors qu’il ne parle même pas la langue. “En 2013, après un festival, un de mes amis d'origine chinoise m'a dit: ‘C'est vachement marrant, la France, c'est un tout petit pays, il y a 20 000 humoristes. En Chine, on est 1,5 milliard, il n'y en a presque pas.’ Et j'ai dit : ‘Bah je vais faire ça, moi, humoriste chinois.’ Ça me semblait une bonne idée de carrière.”
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Des différences humoristiques
Pourtant, la barrière de la langue s’est vite imposée pour ses spectacles. “J'ai décidé de jouer en chinois, sans parler chinois, hein, puisque l'idée, pour moi, je trouvais ça très facile, beaucoup plus facile, c'était de faire traduire un spectacle, de le faire enregistrer et de l'apprendre en phonétique. Et j'ai découvert effectivement que l'humour n'était pas le même, mais vraiment pas le même du tout, et qu'il n'y avait aucune phrase de mon spectacle qui était traduisible en chinois.”
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Mais l’aspect culturel était la barrière la plus difficile à surmonter pour faire rire les Chinois. “Le second degré, c'est une notion qu'on utilise toutes les deux phrases chez nous, souvent, tout le temps avec les copains, qui n'existe pas en Chine. C'est-à-dire: quand vous avez quelqu'un qui arrive avec les cheveux en pétard, si vous lui dites ‘ah, t'es bien coiffé’, c’est incompréhensible en Chine. Deuxième chose: ce truc technique qui est un peu moins aux États-Unis, mais qui est en France, de parler à un personnage imaginaire et de lui répondre, etc., les gens se retournent pour voir à qui vous parlez. Ça, ça ne marche pas non plus.”
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“Je n'y vais pas pour faire de la politique”
Mais le système politique chinois impacte aussi sa manière de penser l’humour, comparé à la France. “Mon spectacle étant validé par le gouvernement chinois, ça permet de jouer dans les salles municipales chinoises, donc ça veut dire que mon spectacle est accessible à tous les Chinois, à tout le monde, donc c'est assez bien. (...) On envoie le texte avec une certification, en s'engageant à ne jamais le changer. Pour moi, il n'y avait pas trop de problèmes. Vu que je ne parle pas chinois, c'était de la phonétique, il n'y avait pas bien de risques, et à partir de ce moment-là, avec ce texte-là, le gouvernement vous le renvoie en disant ‘OK, c'est super’, ou vous fait des remarques.”
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“Quand je suis parti la première fois, une partie de mes amis m'ont dit: ‘Est-ce que tu vas parler des Ouïghours?’ Bon. J'ai résolu le problème en disant que moi, j'allais voir un public différent, quand je parle à des copains, plus célèbres que moi, qui jouent à l'Olympia, je leur dis: ‘Mais dans ton public, tu as 20% de gens qui votent extrême droite, 20% extrême gauche, tu as peut-être un tueur en série…’ Un public, c'est un public, c'est uniforme. Je ne vais pas jouer pour un gouvernement. Je n'y vais pas pour faire de la politique ou pour changer les règles du jeu, j'y vais pour faire passer un bon moment à des gens qui sont là”, conclut Patrick Veisselier.
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