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L’éloge de l’ennui par Gaël Faye
“L'ennui, c'est la meilleure école d'apprentissage de soi”
“Il y a, aujourd'hui, un terrible braquage de notre temps de vie.” C’est le constat sur lequel se base Gaël Faye, musicien et auteur, notamment connu pour son roman Petit Pays. Dans une nouvelle réédition de son livre L’ennui des après-midi sans fin, avec des illustrations d’Hippolyte, l’écrivain fait l’éloge des temps d’ennui durant son enfance. “On est happé en permanence, sursollicités par nos écrans, par l'information, par le fracas, le bruit du monde. Et d'ailleurs, c'est quelque chose, je pense, que l'on fait parce qu'on a une peur du vide. On a désappris à être dans le silence et à être simplement avec soi.”
Un jour avec Gaël Faye
Une façon d’aimer être avec soi
“L'ennui, c'est la meilleure école d'apprentissage de soi”, admet Gaël Faye. “Je pense qu'on est dans une époque où le temps doit être productif, le temps de l'adulte. Mais malheureusement, on a aussi inculqué ça aux enfants. C'est-à-dire que tout ce que l'on a, le temps que l'on a, il faut en faire quelque chose de concret, qui puisse nous aider, d'utilitaire. Alors que l'ennui, c'est un temps qui nous appartient. Et c'est surtout un temps dont on n'attend rien et où peut se produire, où peuvent se passer des aventures, des surprises, mais que l'on n’attend pas. Donc, c'est une aventure en soi, cet ennui dont je parle, l'ennui joyeux et créatif de l'enfance.”
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Mais comme tous les enfants, il aurait aimé avoir les jeux vidéo de l’époque pour tuer le temps. “Moi, je rêvais, quand j'étais enfant, d'avoir l'Atari et la Game Boy, comme plein de copains. Et c'est pour ça que je dis que j'ai eu de la chance de m'ennuyer parce que je n'ai pas eu ça. Et si j'avais eu ça, je serais passé, je pense, à côté d'un certain nombre d'émotions, de ressentis, qui m'aident encore aujourd'hui.”
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S’ennuyer en tant qu’enfant pour grandir
Mais pour lui, cet ennui enfantin lui a permis de construire la personne qu’il est aujourd’hui. “Je dis que l'enfance, c'est la possibilité d'observer le monde au microscope. Dès qu’on a des appareils, on observe plus le monde, on observe les appareils. Donc, on observe la création d'autres personnes. Donc, je remercie ces temps-là de m'avoir permis ça, même si, je le reconnais, que, au moment T, quand j'étais enfant, c'était terrible.”
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“ Là, je vois des gens qui ont une approche encore une fois très consumériste de la lecture ou de l'écriture. C'est-à-dire: ‘Il faut que je lise tant de bouquins par jour, enfin par semaine, par mois’, ‘Il faut que j'écrive ça pour dans une semaine, dans deux semaines’, ‘Il faut que lorsque je vais courir, ça, ça devienne un jogging et que je me chronomètre’, etc. Tout ça, c'est des mesures qu’on se met en permanence. Et donc, c'est une manière d'être toujours en compétition, dans une forme de compétition. Et l'ennui, c'est le déploiement infini du temps. C'est-à-dire: ‘Il n'y a pas de commencement et de fin’”, conclut l’auteur.
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