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Que représente le coût de l’Audiovisuel public français?
“Il n'y a jamais réellement de débat serein autour du service public”
“4 milliards, c'est à peu près ce que coûte l'audiovisuel public français”, explique Philippe Bailly. Spécialiste de l’économie des médias, Brut l’a interrogé pour savoir ce qu’il se cache derrière cette somme donnée aux chaînes de télévision française et aux radios. “Ce que ça coûte aux Français, jusqu'à la suppression de la redevance, c'était de l'ordre de 30 à 40 centimes par jour pour bénéficier de l'ensemble des chaînes de France Télévisions, de l'ensemble des antennes de Radio France, de France 24, de RFI et des autres services publics encore.”
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La publicité représente 10% des compte de France Télévision
“Depuis 5 ans, donc bien avant même que la crise économique démarre, les finances du service public ont été mises en quelque sorte au pain sec, le budget qui lui a été consacré a diminué de 5% pendant cette période, sans compensation de l'inflation. Il y a déjà un vrai effort fait au niveau du service public et de la façon dont l'État lui apporte des moyens”, continue-t-il.
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En France, la redevance audiovisuelle est désormais supprimée depuis 2022. Chez nos voisins européens, son équivalent était bien plus supérieure : “On était à 138 euros de redevance par an quand en Allemagne ou en Angleterre, on est plutôt sur des ordres de grandeur qui vont être proches du double, voire au-delà du double.” Et la publicité ne rapporte pas suffisamment pour couvrir tout le financement de ces chaînes de télévision et de radio. “Ça représente de l'ordre de 10 % dans les comptes de France Télévision c'est pas le moteur essentiel de ses recettes.”
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Privatiser pour rediriger ces dépenses ?
Alors, rediriger les 4 milliards données à l’audiovisuel public pour d’autres secteurs, n'arrangeait pas forcément la situation. “On est sur des ordres de grandeur qui sont vraiment différents et dans lesquels les vases sont de tailles trop différentes pour qu'on puisse espérer un effet de vases communicants. 4 milliards pour l'ensemble audiovisuel d'un côté, 140 milliards rien que pour l'Éducation nationale de l’autre. Donc on voit bien que supprimer les antennes du service public, on serait loin d'avoir résolu la question du financement de la carrière des profs, du recrutement de profs de qualité, etc. Et même chose si on parle de magistrats, de policiers, de médecins, d'aides-soignantes ou d'infirmières”, détaille Philippe Bailly.
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“Les polémiques autour du service public audiovisuel, elles sont, je pense, vieilles à peu près comme le service public audiovisuel, avec une particularité, c'est que vous ne sortez jamais de la polémique. Si le service public fait beaucoup d'audience, on lui reproche d'aller sur le terrain des chaînes commerciales, de prendre la place des chaînes commerciales, si elle ne fait pas assez d'audience parce qu'elle met des programmes trop exigeants à l'antenne, on lui reproche de gaspiller l'argent public et de gaspiller l'argent du contribuable. Autrement dit, c'est une espèce de schizophrénie dans laquelle le service public audiovisuel doit vivre dans une polémique permanente... Alors, la mouche change d'âne et de thématique, mais il n'y a jamais réellement de débat serein autour du service public”, conclut-il.
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