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Tom Hanks : la longue interview par Augustin Trapenard
“Parfois, j'ai envie de travailler pour pouvoir tout oublier et disparaître”
Le 1er février prochain, Tom Hanks est de retour sur grand écran avec Le Pire Voisin au monde. Réalisé par Marc Forster, le film raconte l’histoire d’Otto Anderson, un vieil homme grincheux qui doit faire face à l'emménagement d’une famille pleine de vie dans son quartier. À cette occasion, Augustin Trapenard a interviewé l’acteur sur sa carrière, et sa relation avec le cinéma.
L'importance de perdre le contrôle
Dans le long-métrage, le personnage principal de Tom Hanks apprend petit à petit à lâcher prise. Son métier d’acteur lui demande à lui aussi de perdre le contrôle. “On apprend ça, à mon avis, en comprenant ce qui est important ou pas. Quand on est un jeune acteur, je pense que c'est normal, ça paraît tellement énorme de jouer dans un film que ça nous pousse parfois à accorder aux choses plus d'importance qu'elles n'en ont réellement. Au début, et même encore il y a 3 ans, je me préoccupais de choses qui me semblaient cruciales dans mon travail, mais qui, en réalité, me compliquaient la vie”, explique-t-il.
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Il continue : “Je vais vous donner un exemple parlant. Quand on est en train de tourner, que les caméras sont là, parfois, des gens disent : ‘Je ne te gêne pas, là ? Tu me vois ?’ Maintenant, j'ai appris à ne plus les voir, et je réponds : ‘Mec, je ne sais même pas que tu es là.’ Même s'il est bien là. Mais, dans ce genre de cas, je dirais qu'il faut apprendre à se séparer d'une bonne part de ces préoccupations. Ce n'est pas aussi important que si on ne les avait jamais eues. Il faut juste oublier le superflu et s'efforcer de rester centré sur ce qu'on a à faire.”
“Une seule chose est nécessaire : que vous vous oubliiez”
Mais lâcher prise n’était pas aussi simple au début pour l’acteur. “Je ne savais même pas comment faire. On croit qu'il faut faire le contraire. On croit que les répétitions, c'est ‘toi tu vas dire ça, toi tu vas dire ça, toi tu entres à ce moment-là et tu fais ça’ et qu'on organise tout en détail pour que, le jour J, on sache exactement ce qu'on a à faire. Certes, pour certains films, c'est nécessaire. Mais globalement, une seule chose est nécessaire : que vous vous oubliiez. C’est tout. Et ça, ça implique que vous connaissiez tout le monde, que vous soyez à l'aise avec tout le monde, et que vous ayez confiance en eux. Car si vous arrivez sur le plateau en pensant à votre image, le film est mort.”
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Pour Tom Hanks, disparaître sous son jeu et s’oublier est une facette de son métier qui lui plaît beaucoup. “C'est très libérateur de prononcer des mots qui ne sont pas les vôtres, de porter des vêtements que vous n'avez jamais portés, de vous trouver dans des lieux où vous n'avez jamais été. La seule façon, je pense, de vraiment s'impliquer entièrement dans cette expérience, c'est d'oublier tout ce que vous pouvez. Et ça, je dois dire... Parfois, j'ai envie de travailler pour pouvoir tout oublier et disparaître.”
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Il espère alors continuer à laisser une part de mystère et de ne rien révéler de lui-même. “J’espère que je ne révèle rien ! J'espère que... je surprends toutes les personnes impliquées. Je pense que le meilleur endroit où se trouver, dans un film ou n'importe quel travail, c'est au milieu d'un groupe. Je suis souvent ébahi de voir à quel point même mes plans les plus élaborés s'avèrent inutiles dès le départ. Vous pouvez trimballer ça dans votre tête, apprendre vos répliques par coeur, étudier le scénario encore et encore, mais si le jour J, ce que vous faites ne vous surprend pas vous-même, je ne pense pas que ce soit du bon travail. Mais on ne peut pas prévoir d'être surpris. On ne peut qu'espérer que quelque chose, on ne sait pas encore quoi, survienne le moment venu. Et les jours où ça arrive sont les meilleurs des jours.”