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8 questions très simples sur les tests de dépistage du coronavirus
Covid-19 : 8 questions très simples sur les tests
Marc Eloit, responsable du laboratoire de découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur, répond aux questions de Brut.
Il existe quoi, comme tests ?
Les différents tests pour le Covid-19, comme pour tous virus, sont de deux ordres. Le premier test qu’on appelle PCR vise à mettre en évidence le virus directement ; habituellement dans des écouvillons nasaux, puisque c’est l’endroit où on le trouve en concentration la plus élevée.
Le deuxième grand type de test correspond à la mise en évidence d’anticorps, c’est-à-dire à la réaction immunitaire de l’hôte. Et cette mise en évidence d’anticorps identifie plutôt des infections passées. Donc PCR : infection actives. Anticorps : infections passées. Il y a une petite zone de recouvrement où on va trouver à la fois du virus et des anticorps.
Ils marchent comment, ces tests ?
Les tests PCR sont utilisés avec des écouvillons, de grands cotons-tiges qui vont chercher le virus au fond du nez. Les PCR visent à mettre en évidence le virus. Quant aux tests sérologiques qui font référence au sérum, comme leur nom l’indique, ils sont faits à partir de prélèvement de sang, qu’il s’agisse de prise de sang ou de gouttelette prise au bout du doigt.
Pourquoi il y a deux types de test ?
Ils correspondent à des utilisations différentes. Le premier type d’utilisation correspond à ce qu’on appelle un diagnostic, c’est-à-dire l’identification du pathogène responsable chez un individu malade. Ça, c’est l’indication majeure pour les tests PCR.
Ensuite, il y a un deuxième type d’utilisation qui correspond aux enquêtes populationnelles où on cherche à identifier où le Covid-19 a circulé. Ça, c’est l’objectif, ou un des objectifs dédiés aux tests de recherche d’anticorps, aux tests sérologiques. Chercher où le virus a circulé, c’est une façon de comprendre comment le virus s’est propagé. Ça permet d’alimenter le travail des modélisateurs pour savoir où il risque de se propager et pendant combien de temps.
Et il y a une dernière assignation possible aux tests sérologiques, c’est de comprendre quelle fraction de la population est immunisée, c’est-à-dire est incapable de se réinfecter. Ça, c’est un élément extrêmement important dès qu’on parle de déconfinement. On peut raisonner à l’échelle de populations, on peut raisonner à l’échelle d’un individu qui a besoin de savoir s’il est protégé ou non.
Pour remplir ce troisième objectif, il ne suffit pas de savoir si une personne a des anticorps, encore faut-il savoir si ces anticorps sont de qualité et de quantité suffisante pour protéger. Ça, on n’a tout simplement pas l’information. On ne peut donc pas valider les tests au regard de ce critère. Mais ça va venir, je pense, raisonnablement rapidement.
Qui devrait être testé prioritairement ?
Parmi les personnes qui devraient être testées en priorité, il y a évidemment les personnes qui ont des symptômes même tout à fait mineurs, même une simple fièvre. Ça pourrait déjà permettre d’identifier beaucoup de personnes à risque.
Et puis évidemment, il faut penser à tester toutes les personnes qui sont en contact avec des personnes sensibles, pour éviter qu’elles soient sources de transmission pour d’autres. Ça fait deux parties de la population qui mérite d’être testées en priorité et régulièrement.
Qui peut se faire tester ?
En principe, quiconque a une prescription médicale peut se faire tester. Mais cette prescription médicale en matière de PCR sera réservée en priorité aux personnes gravement malades ou en contact avec des personnes particulièrement à risque ou malades.
Faut-il tester massivement ?
Dans un système idéal, on testerait toute la population française, toutes les semaines. On aurait une idée très claire de ceux qui excrètent du virus. Ces personnes, on les isolerait. Tout ceci fonctionnerait sans doute très bien, mais je c’est totalement inapplicable.
Ceci dit, si on commence par tester des personnes qui ont des symptômes même mineurs, et qu’on ajoute à ces personnes, une fois identifiées positives, les contacts qu’elles ont eus et qu’on les teste également, on finit à par tester la fraction la plus à risque de la population de disséminer l’épidémie.
D’où l’intérêt qu’il y a à tracer les cas, à condition que ce soit un nombre de cas nouveaux qui soit acceptable par une logistique de traçabilité et de tests. Le système ne serait peut-être pas parfait dans cette situation-là, mais limiterait considérablement la circulation du virus.
Pourquoi certains pays ont plus testé que la France ?
On l’a vu en Asie, on l’a vu également en Europe, en Allemagne en particulier. Pourquoi ? Je n’en sais rien, à vrai dire. Peut-être parce qu’une plus grande liberté a été laissée aux laboratoires académiques de pratiquer ces tests sans certification.
Des tests sans certification ne sont pas forcément de mauvais tests. En tout cas, ils étaient peut-être plus adaptés à l’urgence. Donc il y a peut-être eu un peu plus de souplesse ou de préparation. Je pense à certains pays d’Asie exposés de manière régulière à ce risque. Mais on parle d’un décalage relativement limité en temps.
On est sûrs qu’ils sont fiables, ces tests ?
Pour être mis sur le marché en France et en Europe de manière générale, les tests de diagnostic doivent être marqués CE. Ce marquage correspond le plus souvent à une auto-certification par les fabricants qui démontrent que leurs tests correspondent aux revendications qu’ils affichent pour leurs tests.
Certains pays comme la France vont de plus tester ces tests et donner des informations sur leurs niveaux de performance, sans que ceci soit un dispositif obligatoire avant la mise sur le marché. Il y a d’ailleurs sur le marché des tests qui n’ont fait l’objet d’aucune validation par un laboratoire public.