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9 questions très simples sur les masques
Covid-9 : neuf questions simples sur les masques
Les réponses de Christophe Becavin, chercheur en pharmacologie moléculaire et cellulaire à l’université Côte d’Azur.
Le masque me protège-t-il, ou protège-t-il les autres ? Quelle est la meilleure façon de le porter ? Quelles sont les différences entre les principaux masques sur le marché ? Brut a demandé à Christophe Becavin, chercheur en pharmacologie moléculaire et cellulaire à l’université Côte d’Azur, de nous expliquer le b.a-ba des masques anti-Covid-19.
Dans la rue, faut-il porter un masque en permanence ?
Il vaut mieux porter un masque en permanence parce que les contacts, surtout dans les villes denses comme Paris ou Nice, on est amenés à être très proches les uns des autres. Il y a des moments où on va avoir une barrière de moins de 2 mètres, et le masque est utile dans ces cas-là.
Le virus est transmis par ces fameuses gouttelettes qui sortent quand on tousse, quand on éternue ou qu’on respire. En se croisant, la gouttelette peut être émise et se poser sur le visage de la personne que l’on va croiser. Si on est derrière quelqu’un, la gouttelette peut être prise dans le courant d’air et tomber sur le visage de la personne derrière. Ce sont ces contacts, ces projections de gouttelettes qui peuvent être problématiques.
Un masque, ça sert à se protéger soi-même ou à protéger les autres ?
Le masque sert à protéger les autres de mes gouttelettes. On sait que le masque va protéger surtout dans un sens, du côté projection. Du côté filtration, ou gouttelettes émises de l’extérieur, il n’y a que les fameux FFP2, avec un système de filtration, qui peuvent protéger. Pour les autres, c’est très aléatoire.
Le masque, il ne faut pas le voir comme une protection personnelle, mais comme un acte collectif. On porte le masque pour protéger les autres de nos gouttelettes. Il faudrait donc porter un masque dans un dîner.
Comment des « gouttelettes » peuvent-elles contaminer des personnes ?
Il faut imaginer la grosse gouttelette qui sort, qui est émise par le porteur, qui petit à petit s’évapore et va tomber sur le sol, va réduire en taille et tomber sur le sol. Elle peut devenir très petite et contaminer quelqu’un ou tomber sur le sol et ne contaminer personne. Il faut comprendre qu’à partir du moment où on met le masque, on bloque la plupart des voies de contamination.
Pourquoi porter un masque si je n’ai pas de symptômes ?
La difficulté de ce virus, c’est qu’il y a une proportion d’asymptomatiques – des personnes ayant le virus mais n’ayant aucun symptôme – très grande. Dans ce cas-là, il vaut mieux que tout le monde porte un masque parce. Comme dans d’autres maladies, avec le Covid-19, il est très difficile d’isoler les gens malades parce que beaucoup ne le savent pas.
Est-ce que ça peut être contre-productif de porter un masque si on ne le met pas bien ?
On voit encore beaucoup de gens enlever le masque du nez pour mieux respirer, mais c’est contre-productif. L’entrée principale du virus se fait par le nez, la sortie aussi. Donc il est très important de couvrir le nez. Il n’y a pas que la bouche qui est concernée. Il faut couvrir le nez et la bouche pour vraiment limiter les entrées du virus.
Peut-on réutiliser un masque ?
Le masque a une partie filtrante qui bloque essentiellement les postillons qui sortent. On estime qu’au bout de 4 heures, l’humidité de la bouche, l’humidité naturelle, va un peu colmater cette partie filtrante avec le reste du masque. Cela laisse passer plus facilement les postillons. Donc toutes les 4 heures, il faudrait changer le masque.
Peut-on laver son masque en tissu ?
C’est tout à fait faisable. On sait que ce virus va être détruit au-dessus de 37, 40 degrés. Donc à 60 degrés, le virus sera détruit. Si, a minima, on peut le laver avec du savon mais faire attention après au séchage, il ne faut pas le sécher dans un milieu humide et favoriser d’autres maladies.
Combien de masques différents existe-t-il ?
En ce qui concerne les masques industriels ou les masques pour les professionnels, on a entendu parler des FFP1, des FPP2 et des FFP3. Les FFP2 et les FFP3 sont ceux qui ont une partie filtrante. Les FPP1 sont pour les poussières, donc ils sont moins utiles dans ce cas-là.
Maintenant, avec la pandémie, sont apparus ce qu’on appelle les masques grands publics, avec une version pour les personnes en contact avec le public, qui vont filtrer 90 à 95 % des gouttelettes émises. Enfin, les masques niveau 2, pour le grand public, qui vont filtrer de 70 à 80 %. Et enfin pour les personnels soignants, l’autre catégorie, ce sont les masques chirurgicaux, qui sont dans la même grandeur : 90 à 95 % des gouttelettes.
Les gestes barrières sont-ils nécessaires lorsque je porte un masque ?
Le masque ne nous empêche pas d’avoir les gestes barrières. La distanciation sociale, c’est 1 mètre ou 2, parce qu’il y a toujours quelques gouttelettes qui pourront passer. Ça ne nous empêche pas non plus de nous laver les mains.
La première voie de transmission, ce sont les gouttelettes. La deuxième voie de transmission, c’est le contact avec les surfaces. La troisième voie, fait débat en ce moment : c’est la voie aérosol. Le virus qui flotterait dans l’air. Cette voie n’est pas encore démontrée.